Remarques du Secrétaire général de la CITES à propos de la destruction à Pékin, Chine, d’ivoire d’éléphant confisqué

Mise à jour le 12 janvier 2021

John E. Scanlon, Secrétaire général de la CITES

29 mai 2015

 

Monsieur le Ministre de l’administration d’Etat des forêts, Zhao Shucong,

Monsieur le Ministre de l’Administration générale des douanes, Yu Guangzhou,

Monsieur le Vice-ministre de l’Administration d’Etat des Forêts, Chen Genxue,

Chers invités, mesdames et messieurs,

Je tiens à remercier sincèrement le Gouvernement de la Chine de m’avoir invité à assister aujourd’hui à la destruction de 662 kg d’ivoire d’éléphant confisqué et je regrette de ne pouvoir être présent en personne à Pékin.

Cette destruction publique d’ivoire confisqué est la troisième qui a lieu en Chine depuis janvier 2014. Elle suit le broyage de 6,2 tonnes d’ivoire saisi à Dongguan, et l’incinération de 28 tonnes dans la RAS de Hong Kong.

Au cours des 24 derniers mois, la Belgique, le Tchad, la République du Congo, l’Ethiopie, la France, le Gabon, le Kenya, les Philippines, les Emirats Arabes Unis et les Etats Unis  ont eux aussi détruit des stocks d’ivoire commercialisés illégalement qui avaient été saisis et confisqués.

L’événement important qui a lieu aujourd’hui à Pékin, capitale de la Chine, permet mieux sensibiliser l’opinion publique quant aux conséquences du commerce illégal d’ivoire d’éléphant et à la détermination sans faille de la Chine et de la communauté mondiale à y mettre un terme. 

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Malgré les efforts considérables qui sont déployés pour lutter contre la criminalité liée aux espèces sauvages, celle-ci continue de poser un grave problème sur l’ensemble de la planète. Le braconnage des éléphants d’Afrique et le commerce illégal de leur ivoire sont portés à une échelle industrielle par des organisations criminelles transnationales et, dans certains cas, par des milices rebelles ; ils constituent l’une des formes les plus destructrices de criminalité à l’encontre des espèces sauvages.  

Ces activités illégales non seulement ont un effet dévastateur sur l’éléphant d’Afrique, mais elles représentent également une menace pour les populations humaines et leurs moyens d’existence, ainsi que pour les économies, voire, dans certains cas, pour la sécurité nationale et régionale. 

Elles doivent prendre fin, et la communauté internationale se montre de plus en plus déterminée à y mettre un terme. 

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Chers invités, la destruction d’ivoire d’éléphant confisqué qui a lieu aujourd’hui à Pékin ne mettra pas à elle seule un terme au commerce illégal de l’ivoire d’éléphant.

Grâce à la destruction, toutefois, personne ne pourra jamais tirer profit de cette contrebande, et dès lors qu’elle est associée à des saisies d’ivoire, à des poursuites judiciaires à l’encontre des auteurs et à leur condamnation, elle envoie un message fort : la Chine ne tolère et ne tolérera pas ce commerce illégal.

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Destruction d’ivoire confisqué à Dongguan, Chine, janvier 2014

Les efforts collectifs renforcés mis en œuvre pour lutter contre le commerce illégal des espèces sauvages – tant au niveau national qu’international – apportent clairement la preuve que les Etats reconnaissent de plus en plus le commerce illégal d’ivoire d’éléphant comme une forme grave de criminalité qui, dans un nombre croissant de pays, comporte un risque beaucoup plus élevé de détection, de poursuites et de condamnations, avec l’imposition de sanction plus lourdes : amendes, prison et confiscation des biens saisis.

Le droit pénal chinois prévoit pour le crime de commerce illégal d’espèces sauvages une peine maximale d’emprisonnement  à vie, et le nombre de poursuites et de condamnations est en augmentation. L’événement qui a lieu aujourd’hui offre une occasion très publique d’adresser une mise en garde à tous ceux qui se livrent au commerce illégal d’ivoire d’éléphant, à savoir que l’âge et l’origine des produits de leur contrebande peuvent désormais être identifiés rapidement grâce à l’emploi de la criminalistique moderne, ce qui augmente considérablement les probabilités de poursuites et de condamnations. 

Les possibilités qu’offrent la criminalistique moderne signifie en outre que, quoi qu’il arrive à l’avenir, l’ivoire d’éléphant faisant l’objet d’un commerce illégal n’aura plus jamais de valeur commerciale, et que le retour sur cet  “investissement“  sera très probablement l’emprisonnement, de lourdes amendes et la saisie des biens. 

Nous trouvons très encourageant que les mesures adoptées par la Chine pour combattre ce commerce illégal extrêmement destructeur visent non seulement à intensifier la lutte contre la fraude sur le territoire national, mais aussi à renforcer la collaboration avec les Etats de l’aire de répartition des éléphants et avec d’autres pays de transit et de destination, dans le but de mettre un terme au commerce au commerce illégal de l’ivoire d’éléphant et d’autres espèces sauvages.  

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Chers invités, ce qui a été reconnu par la 16e session de la Conférence des Parties à la CITES à Bangkok en 2013 est plus que jamais d’actualité : pour inverser la tendance inquiétante du braconnage des éléphants et de la contrebande d’ivoire, des efforts collectifs soutenus à l’échelle internationale s’imposent.   

L’événement d’aujourd’hui, qui va attirer l’attention du pays, de la région et du monde entier, devrait aider l’opinion publique à prendre davantage conscience des effets dévastateurs du commerce illégal de l’ivoire d’éléphant et des autres formes de trafic d’espèces sauvages, ainsi que la volonté collective  de la communauté internationale d’y mettre un terme.

Je vous remercie.

 
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Autres photos de l’événement.

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Note à l’intention des lecteurs :

Les résolutions de la CITES recommandent que l’ivoire d’éléphant commercialisé illégalement et confisqué ne puisse être utilisé que dans quatre cas précis, soit  ‘à des fins véritablement scientifiques, éducatives, de lutte contre la fraude ou d’identification’. Lorsque ceci n’est pas faisable, la résolution prévoit deux options : entreposer les spécimens ou les détruire.

Le Secrétaire général n’encourage ni ne décourage les pays (en tant qu’Etats parties à la CITES) à choisir l’une ou l’autre de ces options. Il appartient à chaque Etat de prendre cette décision.

Toutefois, lorsqu’un pays comme la Chine décide de détruire publiquement ses stocks d’ivoire d’éléphant confisqués, le Secrétaire général estime qu’il s’agit là d’une occasion unique d’appeler l’attention de l’opinion publique sur la nature, l’ampleur et l’impact des très graves infractions qui sont à l’origine de ces confiscations, et ainsi de produire un effet dissuasif à l’égard du commerce illégal.

Cette reconnaissance de la gravité de la criminalité liée aux espèces sauvages a trouvé un nouvel élan avec la récente déclaration de Doha adoptée au Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale de 2015  (voir : ‘Appels à la criminalité environnementale d’être traitée comme un crime grave’). 

 

Pour un complément d’information, voir les liens suivants: