Allocution lors de la première destruction officielle d’ivoire d’éléphant confisqué, RAS de Hong Kong, Chine
John E. Scanlon, Secrétaire général de la CITES
15 mai 2014
M. K.S. Wong, J.P., Secrétaire à l’Environnement
Dr Paul Shin, Président du Comité consultatif sur les espèces en danger
Dr Meng Xianlin, Directeur général exécutif, organe de gestion CITES de la Chine
Honorables hôtes et invités, Mesdames et Messieurs
Je tiens à adresser mes sincères remerciements au Gouvernement de la RAS de Hong Kong pour m’avoir invité à assister au premier des événements d’une série prévue dans le cadre de l’incinération de 28 tonnes d’ivoire d’éléphant confisqué.
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La RAS de Hong Kong détient l’un des stocks d’ivoire saisis les plus importants au monde. L’événement qui se déroule aujourd’hui fait suite à la destruction officielle d’ivoire réalisée dans de nombreux pays à travers le monde, dont 6,2 tonnes d’ivoire saisies à Dongguan, en Chine, plus tôt cette année.
Malgré les efforts considérables pour lutter contre la criminalité liée aux espèces sauvages, celle-ci continue d’être un problème majeur dans le monde entier. Le braconnage des éléphants d’Afrique et le commerce illégal de l’ivoire sont l’une des formes de criminalité liée aux espèces sauvages les plus visibles et les plus destructrices. Ils n’ont pas seulement un impact dévastateur sur l’éléphant d’Afrique, mais constituent également une menace pour les personnes et leurs moyens de subsistance - ainsi que pour les économies nationales et dans certains cas, pour la sécurité nationale et régionale.
Cela doit cesser, et la communauté internationale est déterminée à mettre fin à ce commerce illicite.
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Lors de la 16e session de la Conférence des Parties à la CITES, les Parties ont montré qu’elles étaient prêtes à travailler ensemble pour assurer la survie de l’éléphant d’Afrique. Elles se sont exprimées d’une seule voix sur la nécessité de prendre des mesures décisives pour stopper les tendances alarmantes du braconnage et de la contrebande.
Les Parties à la CITES ont reconnu la nécessité d’entreprendre des actions ciblées et délimitées dans le temps le long de l’ensemble de la chaîne du commerce illégal de l’ivoire – depuis les États de l’aire de répartition et de transit jusqu’aux États et marchés de destination finale - et de s’attaquer à la fois à l’offre et à la demande.
Ce qui a été reconnu par l’ensemble des Parties à la CITES à la CoP16 l’année dernière est encore plus pertinent aujourd’hui : inverser les tendances inquiétantes du braconnage des éléphants et de la contrebande de l’ivoire nécessite un effort international soutenu et collectif.
Un an après la conclusion de la CoP16 de la CITES, nous observons que des mesures renforcées et efficaces sont prises dans l’ensemble des États d’origine, de transit et de destination - telles que les excellents résultats obtenus par les agents de lutte contre la fraude de 28 pays lors de l’opération COBRA II, une opération mondiale de lutte contre le commerce illégal des espèces sauvages menée pendant un mois entier.
En outre, nous avons assisté, autant dans le cadre des préparatifs de la CoP16 de la CITES que par la suite, à des engagements politiques, souvent au plus haut niveau, visant à renforcer l’efficacité des efforts de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages, et notamment contre le commerce illégal de l’ivoire.
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Honorables hôtes et invités, la destruction des stocks d’ivoire d’éléphant confisqué ne nie pas le patrimoine culturel que constituent les sculptures historiques en ivoire, et ne réussira pas à elle seule à mettre un terme au commerce illégal.
Toutefois, couplé avec la saisie d’ivoire et la poursuite des coupables, cet évènement envoie un message puissant montrant que la RAS de Hong Kong n’accepte pas et ne tolérera pas ce commerce illégal, ni l’impact dévastateur qu’il a sur l’éléphant d’Afrique et sur les moyens de subsistance des communautés rurales.
C’est également une occasion importante pour envoyer un message aux trafiquants impliqués dans le commerce illégal d’ivoire d’éléphant, afin qu’ils sachent que l’âge et l’origine de leurs produits de contrebande peuvent être facilement identifiés par des techniques d’investigation modernes. Ainsi, quoi qu’il arrive à l’avenir, le commerce illégal de l’ivoire d’éléphant n’aura jamais aucune valeur commerciale et le « retour sur investissement » de ce type de trafic pourra se traduire le plus souvent par une peine de prison, de lourdes amendes et la saisie des biens.
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En tant que métropole majeure constituant l’un des principaux centres du commerce dans le monde, la RAS de Hong Kong est dans une position unique et importante, tant culturellement qu’économiquement. Elle est à la fois un grand consommateur de divers produits issus des espèces sauvages, ainsi qu’un point de transit vers la Chine continentale.
En plus de traiter quotidiennement d’énormes volumes de cargaisons, je comprends que le service des douanes de la RAS de Hong Kong voit chaque année environ 100 millions de passagers transiter par ses portes pour se rendre à Shenzhen en Chine continentale, où la plus grande équipe de douane au monde est en action. Cela rend particulièrement difficile le travail des agents des douanes et de la CITES de chaque côté de la frontière.
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Au cours des dernières années, la RAS de Hong Kong a systématiquement joué un rôle exemplaire dans la mise en œuvre et l’application de la CITES. Le service des douanes de Hong Kong et le département de l’Agriculture, de la Pêche et de la Conservation ont reçu à deux reprises le Certificat de louange du Secrétaire général de la CITES. Ils ont en fait été les premiers à recevoir un tel certificat en 2003, pour avoir découvert une grande quantité d’ivoire soigneusement dissimulé sur un navire, ce qui a abouti à la poursuite judiciaire et à l’emprisonnement du capitaine du bateau.
Il y a quelques mois, en signe de renforcement de la coopération internationale, la RAS de Hong Kong a renvoyé en Afrique du Sud de l’ivoire et de la corne de rhinocéros saisis, ce qui facilitera les enquêtes et la détermination de l’origine des produits par analyse de l’ADN et par d’autres moyens, permettant ainsi d’appuyer les poursuites judiciaires des braconniers et contrebandiers. L’opération a été saluée comme un pas très positif dans la lutte contre le commerce illégal qui détruit les populations d’éléphants et de rhinocéros à travers le monde.
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Mesdames et Messieurs les délégués, cet effort collectif accru - à la fois au niveau national et international - démontre que le commerce illicite de l’ivoire d’éléphant est de plus en plus reconnu par les États comme un crime grave, dont la probabilité de détection, de poursuite et de condamnation est maintenant beaucoup plus élevée dans un nombre croissant de pays - avec des sanctions plus sévères, incluant des amendes, des peines de prison et la confiscation des avoirs.
C’est grâce à de tels efforts collectifs renforcés et soutenus que nous serons en mesure d’inverser les inquiétantes tendances actuelles du braconnage de l’éléphant d’Afrique et de la contrebande de l’ivoire, et de lutter beaucoup plus efficacement contre d’autres crimes liés aux espèces sauvages.
Enfin, je tiens à nouveau à exprimer mes sincères remerciements au Gouvernement de Hong Kong pour l’événement important qui a lieu aujourd’hui.
Il a servi à sensibiliser le public sur les impacts du commerce illégal de l’ivoire et du trafic des espèces sauvages, et sur la détermination collective de la communauté internationale à mettre un terme à cette menace.