Discussion de haut niveau : « Le braconnage et le trafic illégal des espèces sauvages
– Vers une action commune de la communauté internationale »
Manifestation organisée conjointement par la République du Gabon et la République fédérale d’Allemagne
Siège de l’Organisation des Nations Unies, New York, 26 septembre 2014
Remarques de bienvenue et d’ouverture des coorganisateurs
S. E. M. Ali Bongo Ondimba, Président de la République du Gabone
S. E. M. Frank-Walter Steinmeier, Ministre fédéral des affaires étrangères de la République fédérale d’Allemagne
Déclarations
S. E. M. Sam Kutesa, Président de la 69e Assemblée générale
S. E. M. Jan Eliasson, Secrétaire général adjoint des Nations Unies
Discussion – Interventions
Huit États (la Belgique, les États-Unis d’Amérique, l’Ethiopie, la France, le Gabon, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et la Thaïlande), l’UE, la CEEAC, trois institutions spécialisées des Nations Unies (le PNUD, le PNUE et l’ONUDC) et deux ONG (WCS et WWF) ont fait des interventions.
Résumé du modérateur
Modérateur : John E. Scanlon, Secrétaire général de la CITES
1. Le Gabon et l’Allemagne ont été massivement soutenus dans leur volonté de porter cette question en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies pour la deuxième fois1, certains ayant même appelé à l’organisation d’une troisième manifestation en septembre 2015.
2. Le changement d’échelle et de nature du commerce illégal des espèces sauvages a été perçu comme posant au monde un problème urgent qui nécessite des solutions communes à tous les niveaux, aucun pays, aucune région et aucune institution ne pouvant, à lui ou elle seul(e), en venir à bout.
Dans ce contexte, le besoin de renforcer les efforts collectifs, au sein des États, des régions et des institutions et entre ceux-ci, a été souligné. Il s’agit notamment d’assurer la collaboration entre États d’origine, de transit et de destination et de s’attaquer à la demande et à l’offre.
Il a largement été reconnu que le braconnage et le commerce illégal des espèces sauvages constituent un problème aux facettes multiples – qui revêt des aspects touchant au développement, à l’économie, à l’environnement, à la société et à la sécurité – certains relevant des liens avec l’état de droit et d’autres faisant référence au paragraphe 203 de la déclaration L’avenir que nous voulons.
Plusieurs intervenants ont fait observer que le commerce illégal des espèces sauvages représentait une menace pour les trois piliers des Nations Unies, à savoir la paix et la sécurité, le développement durable et les droits de l’homme.
Certains ont souligné la nécessité de ressources financières supplémentaires.
3. L’idée que les Nations Unies devaient jouer un rôle de direction dans ce domaine a été largement soutenue et plusieurs intervenants ont appelé à la nomination d’un représentant spécial du Secrétaire général sur cette question.
Un large soutien a été exprimé en faveur de l’adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies d’une résolution consacrée à cette question et axée sur des mesures concrètes.
Il a également été suggéré que le Secrétaire général des Nations Unies présente un rapport annuel à l’Assemblée générale sur la contribution des institutions spécialisées des Nations Unies.
Plusieurs intervenants ont relevé les liens avec les Objectifs de développement durable et ont plaidé en faveur de l’intégration de cette question dans le programme de développement pour l’après 2015.
4. Le fait que de bons progrès ont été réalisés dans certaines régions en matière de lutte contre le commerce illégal des espèces sauvages a été reconnu, tout en notant que plus de progrès sont nécessaires encore.
Il a largement été reconnu que la CITES (la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) constitue le principal instrument juridique en la matière et certains ont souligné l’importance de respecter leurs engagements en vertu de la CITES, précisant les mesures qu’ils ont prises à cet effet.
Il a été mentionné que l’action menée en collaboration dans le cadre de l’ICCWC (le Consortium international de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages2) contribuait à aider les pays et régions à lutter contre la fraude de façon coordonnée.
La contribution actuelle de l’ONU à l’ICCWC, ainsi que le travail du PNUD, du PNUE et de l’ONUDC, a été saluée, et certaines initiatives mises en exergue, notamment en ce qui concerne les moyens de subsistance en milieu rural, l’état de droit et le recours à des techniques d’enquête criminelle modernes.
Plusieurs intervenants ont souligné qu’il importait d’éviter que la CITES et d’autres efforts existants ne fassent double emploi.
Certains se sont félicités de ce que les Nations Unies aient proclamé le 3 mars Journée mondiale de la vie sauvage (initiative qui avait été soutenue dans le cadre de la manifestation de 2013 organisée par le Gabon et l’Allemagne3).
5. Des exemples précis ont été donnés des conséquences du commerce illégal des espèces sauvages, y compris des pertes de bénéfices touristiques, sur les communautés locales et leurs moyens de subsistance ainsi que sur l’environnement – et la nécessité pour la population de négocier une paix avec la nature a été évoquée.
L’implication de la criminalité transnationale organisée – et, dans certaines régions, de milices rebelles lourdement armées – a été constatée et beaucoup d’intervenants ont souligné l’importance de bien lutter contre la fraude et de traiter la criminalité liée aux espèces sauvages comme une infraction grave. La possibilité d’établir un protocole dans le cadre de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée a été mentionnée.
Certains ont évoqué la destruction récente, dans plusieurs continents, d’ivoire et de cornes de rhinocéros confisqués comme moyen d’attirer l’attention sur la nécessité de faire chuter la demande d’espèces sauvages commercialisées illégalement.
La nécessité de concentrer les efforts sur l’aide apportée à ceux qui sont en première ligne dans cette lutte a été soulignée par certains, un intervenant mentionnant l’impact de la lutte contre le commerce illégal des espèces sauvages sur les gardes forestiers, qui sont blessés et tués sur le terrain, un autre les ravages causés dans les communautés locales par les braconniers.
6. Certains ont fait référence à l’Initiative de protection des éléphants, lancée par les pays africains, et plus d’États ont été encouragés à s’y associer ; ont également été mentionnées la Conférence du Botswana sur l’éléphant, la Conférence de Londres sur le commerce illégal des espèces sauvages et la Clinton Global Initiative, et plusieurs intervenants ont souligné le rôle important joué par les ambassadeurs de bonne volonté des Nations Unies dans la sensibilisation du public et évoqué des occasions de déployer à l’avenir ces ambassadeurs.
2 L’ICCWC regroupe le Secrétariat CITES, INTERPOL, l’ONUDC, la Banque mondiale et l’Organisation mondiale des douanes
3 Le 20 décembre 2013, la soixante-huitième session de l’Assemblée générale des Nations Unies a décidé de proclamer le 3 mars, jour de l’adoption de la CITES (la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction), Journée mondiale de la vie sauvage.