Allocution d'ouverture de la Secrétaire générale de la CITES lors de l'événement de haute portée qui a marqué la Journée mondiale de la vie sauvage

Mise à jour le 16 mars 2020

Allocution d'ouverture de la Secrétaire générale de la CITES lors de
la Journée mondiale de la vie sauvage

3 MARS 2020, Quartier Général des Natio, New York

Excellences,

Éminents invités,

Amis et collègues :

C'est un honneur de tous vous accueillir en tant qu’hôtes des événements à l'occasion de l'édition 2020 de la Journée mondiale de la vie sauvage des Nations Unies. Je vous remercie de prendre le temps de vous joindre à nous pour célébrer la vie sauvage avec laquelle nous partageons cette planète.

La flore et la faune sauvages sont le fondement de la vie dans ce monde. Notre interaction avec ces formes de vie a façonné notre propre espèce. Depuis le début de notre histoire, nous, humains, avons exploité la vie sauvage, ses habitats et ses écosystèmes pour satisfaire nos besoins élémentaires, de l'air que nous respirons aux matériaux que nous utilisons pour nous loger ou notre confort, en passant par la nourriture que nous consommons. Il en est de même aujourd'hui.

Nous avons bâti nos civilisations et notre prospérité moderne grâce à cette interaction historique. Toutefois, celles-ci ne peuvent perdurer si elles sont édifiées aux dépens de la vie sauvage.

De plus en plus, l'exploitation insoutenable de la flore et de la faune sauvages devient une menace pour la survie, à long terme, de nombreuses espèces. En 2019, la Plate-forme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) a effectué une évaluation mondiale. Celle-ci énonce clairement l'étendue de la crise relative à la perte de la biodiversité à laquelle nous sommes actuellement confrontés : près d'un million d'espèces pourraient disparaître dans les décennies à venir ; et les taux d'extinction sont plus élevés qu'à n'importe quel stade dans l'histoire de l'humanité, jusqu'à des milliers de fois supérieurs. Au cours des quatre dernières décennies, certaines populations d'oiseaux, de poissons, de mammifères, d'amphibiens et de reptiles ont reculé de presque 60 %.

Ce déclin de si nombreuses espèces constitue une menace existentielle. Il est désormais urgent de reconnaître la valeur de la biodiversité et de ses composantes, comme la flore et la faune sauvages. Le Forum économique mondial a déclaré qu’une tentative d'attribuer une valeur monétaire aux biens et services qu'elles procurent est arrivée à une estimation de 33 000 milliards de dollars par an. Son rapport sur les risques mondiaux liste le danger auquel est exposée la biodiversité du fait de l'activité humaine comme l'un des cinq plus grands risques au cours des 10 prochaines années. Ce rapport annonce également que réduire l'impact de la perte de la biodiversité exige un remaniement fondamental de la pensée économique. Les entreprises doivent développer des éléments de mesure visant à évaluer la valeur, en nature, de leur travail et placer ces éléments au cœur de la prise de décision. Les activités d'extraction, la construction, l'énergie, la mode et le textile figurent parmi les industries les plus vulnérables à la destruction écologique.

Mais nous ne nous reposons pas uniquement sur la vie sauvage pour notre confort et notre bien-être, les moyens de subsistance de milliards de personnes en dépendent également. La perte continue de la biodiversité met en péril la survie de la faune et de la flore sauvages ainsi que le développement humain en lui-même.

En l'absence d'une vie sauvage vigoureuse, l'objectif 14 de développement durable (portant sur la vie aquatique) et l'objectif 15 (portant sur la vie sur terre) ne peuvent être atteints. Pas plus que de nombreux autres objectifs comme l'objectif 1 (Pas de pauvreté) ou l'objectif 12 (Consommation et production durables).

Nous sommes à une charnière pour nous-mêmes et la biosphère. Nous devons relever le défi qui consiste à nous assurer que notre mode de vie est en harmonie avec la nature. Nous devons satisfaire nos propres besoins, bien entendu, mais nous devons le faire de façon responsable - et sans négliger les besoins des espèces animales et végétales avec qui nous coexistons.

Je ne souhaite pas vous donner l'impression qu'il n'y pas d'espoir. Vivre en harmonie avec la nature est possible mais nous devons opérer des changements profonds MAINTENANT. Le travail des Parties à la CITES et des partenaires de la CITES a montré comment la régulation de l'exploitation des espèces sauvages de flore et de faune, et des ressources qu'elles procurent, peut être bénéfique aux personnes comme à la planète.

Qu'il s'agisse de l'élevage contrôlé de vigognes en Bolivie pour leur laine ; de la capture gérée, mais rentable, de crocodiles de mer par les groupes aborigènes en Australie ; ou de l'exploitation durable des aloès en Afrique du Sud, toutes ces démarches vont dans le même sens : les efforts déployés par toutes les parties prenantes visant à mettre en œuvre un cadre de régulation fort de l'utilisation de la vie sauvage peuvent porter et porteront leurs fruits.

Ils rendent l'exploitation de la vie sauvage durable, bénéficiant ainsi aux communautés et aux pays qui en ont le plus besoin, et ils renforcent la conservation de toutes les espèces concernées.

Faire en sorte que l'utilisation durable de la vie sauvage soit la règle et non une exception exigera des actions significatives.

Mais nous pouvons y parvenir.

La signature de la Convention CITES, il y a 47 ans aujourd'hui, a marqué un tournant considérable à l'époque. Aujourd'hui, les Parties à la CITES poursuivent leur travail visant à s'assurer que le commerce international des espèces sauvages de flore et de faune n'a pas d'incidence sur leur survie à long terme. Les partenaires de la CITES soutiennent ce travail en s'attelant à mettre en œuvre la CITES et au moyen de programmes conjoints avec d'autres conventions relatives à la biodiversité.

Nous savons que ces efforts continueront à porter leurs fruits. Nous avons hâte d'avoir connaissance d'autres réussites lors de notre prochaine Conférence des Parties, et lors de celles de nos Conventions sœurs.

Mesdames et messieurs,

Soyons encore plus ambitieux que jusqu'à présent. Travaillons encore plus dur pour parvenir à un meilleur équilibre entre la satisfaction de nos besoins et la conservation de la biodiversité. Gouvernements, organisations, société civile et groupes communautaires, acteurs de l'industrie et du secteur privé : cette mission est entre nos mains à toutes et tous. Si vous me demandez ce que signifie le terme « changements profonds », je vous répondrai que c'est lorsque toutes les parties prenantes pertinentes remplissent pleinement leurs obligations et engagements environnementaux internationaux.

À l'occasion de cette « super année » en l'honneur de la biodiversité, nous devons infléchir la courbe de la perte de la biodiversité avant qu'il ne soit trop tard. Nous devons veiller à ce que les générations futures puissent continuer à récolter les fruits, de façon responsable, d'une vie sauvage robuste. Jetons les bases d'un monde pouvant soutenir toutes les vies sur terre.

Je vous remercie.