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COMMUNIQUÉ DE PRESSE
La conférence de la CITES renforce le régime du commerce international
des espèces sauvages pour répondre à la crise de l’extinction
Genève, 28 août 2019 – La Conférence mondiale sur la vie sauvage, de son nom officiel « CoP18 de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) », qui se réunit tous les trois ans, a conclu ses travaux aujourd’hui après avoir adopté une liste impressionnante de décisions visant à faire progresser la conservation et l’utilisation durable des espèces sauvages à travers la planète.
La conférence a revu les règles du commerce de dizaines d’espèces sauvages menacées par un commerce non durable, lié à la surexploitation, la surpêche ou la chasse excessive. Il s’agit aussi bien d’espèces d’arbres et de poissons d’importance commerciale que de mammifères charismatiques tels que les girafes ou d’amphibiens et de reptiles vendus comme animaux de compagnie exotiques.
Poursuivant sa politique d’utilisation de quotas et de permis de commerce CITES pour promouvoir des pêcheries commerciales durables, la conférence a décidé d’inscrire 18 espèces de requins à l’Annexe II parmi lesquelles on peut citer les raies‑guitares fouisseuses et les raies‑guitares épineuses extrêmement recherchées pour leurs ailerons et classées En danger sur la Liste rouge de l’UICN des espèces menacées. Le requin‑taupe bleu et le petit requin‑taupe font aussi leur entrée à l’Annexe II avec la grande raie‑guitare et d’autres espèces de raies.
La conférence s’est aussi intéressée à d’autres espèces marines comme les anguilles, les holothuries à mamelles (concombres de mer), le strombe géant, les tortues marines, les coraux précieux, les esturgeons et les hippocampes et les gouvernements ont décidé d’examiner le commerce des poissons marins vivants ornementaux pour évaluer le rôle que la CITES pourrait ou devrait jouer dans la réglementation de leur commerce.
Les arbres tropicaux constituent un autre marché d’espèces sauvages de grande valeur commerciale. Répondant à la demande élevée et croissante de teck d’Afrique provenant d’Afrique de l’Ouest, la CITES a élargi la nécessité d’appliquer des permis de commerce pour inclure les contreplaqués, entre autres. Le rare cyprès de Mulanje, arbre national du Malawi, et le padouk d’Afrique à croissance lente (un type de bois de rose) d’Afrique australe et orientale ont également été inscrits à l’Annexe II, de même que toutes les espèces de cèdres d’Amérique latine.
La conférence a modifié une inscription précédente à l’Annexe II des bois de rose et des espèces d’arbres apparentées pour que les petits articles finis, y compris les instruments de musique, les parties et accessoires, puissent traverser les frontières sans permis CITES.
Préoccupée par la diminution du nombre de girafes de l’ordre de 36 à 40 % depuis trois décennies, compte tenu de la perte de l’habitat et d’autres pressions, la conférence a fait entrer le plus grand animal du monde à l’Annexe II. La loutre d’Asie et la loutre cendrée, menacées par la perte d’habitat et un éventuel commerce d’animaux vivants, ont été transférées de l’Annexe II à l’Annexe I, ce qui interdit toute transaction commerciale des espèces inscrites.
Le commerce croissant d’animaux de compagnie exotiques exerce des pressions énormes sur de nombreuses espèces comme les tortues, les lézards et les geckos, ce qui a conduit la CITES à ajouter toute une gamme de ces espèces aux annexes.
Les Parties ont créé l’équipe spéciale CITES sur les félins et lui ont donné pour mandat d’améliorer la lutte contre la fraude, de lutter contre le commerce illégal et de promouvoir la collaboration en faveur de la conservation des tigres, des lions, des guépards, des jaguars et des léopards.
Célébrant une belle réussite de la CITES – le sauvetage des populations de vigognes grâce à l’utilisation durable en Bolivie, au Pérou et dans certaines régions d’Argentine – la conférence a transféré une population régionale de vigognes d’Argentine de l’Annexe I à l’Annexe II. La population de crocodiles d’Amérique du Mexique a également été déclassée pour tenir compte du rétablissement continu de cette population, un autre succès en matière de conservation.
De nombreux pays et leurs organes de gestion CITES n’ont pas les capacités financières et institutionnelles indispensables pour gérer leurs espèces sauvages de manière durable et les conserver. La conférence a pris des décisions encourageant le renforcement des capacités et d’autres activités en vue d’améliorer la gestion des espèces sauvages ainsi que le respect de la Convention et l’application des règlements CITES sur le commerce.
Par ailleurs, le rôle fondamental des communautés locales et autochtones, concernées au premier chef par la conservation et la gestion durable des espèces sauvages, ainsi que la nécessité de faire en sorte qu’elles en tirent un revenu et des moyens d’existence adéquats, a été largement reconnu. Surmontant de très nombreuses divergences, la conférence a demandé aux Parties de commencer à envisager comment mieux faire participer les peuples autochtones et les communautés locales aux prises de décisions de la CITES et à son application. Le but est de mieux appliquer les objectifs de la Convention tout en reconnaissant que l’utilisation d’espèces inscrites à la CITES contribue de manière importante aux moyens d’existence de ces peuples.
« L’humanité doit répondre à la crise de l’extinction qui ne cesse de s’aggraver en transformant la manière dont elle gère les animaux et les plantes sauvages du monde entier. Continuer comme avant n’est plus possible » a déclaré Ivonne Higuero, Secrétaire générale de la CITES.
« La CITES conserve le monde naturel en veillant à ce que le commerce international des plantes et des animaux sauvages soit légal, durable et traçable. Un commerce bien géré contribue également au bien‑être humain, aux moyens d’existence et à la réalisation des Objectifs de développement durable à l’horizon 2030 » a‑t‑elle ajouté.
La conférence a examiné les progrès d’application de mesures prises antérieurement pour assurer la conservation et la gestion durable d’espèces déjà inscrites, comme l’anguille d’Europe, les requins, le bois de rose, les grands singes et les oiseaux chanteurs. Ces études s’appuient souvent sur de nouvelles données et informations sur les tendances des populations, le niveau du commerce et les plans et mesures adoptés au niveau national.
En marge de la CoP18, la Troisième session mondiale des Réseaux de lutte contre la fraude liée aux espèces sauvagesa rassemblé plus de 105 représentants des Réseaux WEN, d’organismes chargés de l’application des lois, d’organisations internationales et autres acteurs. Les participants se sont concentrés sur la manière de renforcer encore leurs efforts de collaboration.
Enfin, la conférence :
- a adopté la Vision de la stratégie CITES pour l’après‑2020, positionnant la CITES comme chef de file dans la promotion des changements vraiment transformateurs ; de la durabilité environnementale, économique et sociale ; et de la réalisation des Objectifs de développement durable à l’horizon 2030 ;
- a augmenté les quotas de chasse aux trophées de rhinocéros noirs mâles adultes, doublant pratiquement le quota actuel de cinq, sous réserve de mesures de contrôle strictes ; tout en proposant de ne pas accepter de commerce de cornes de rhinocéros blancs du Sud de l’Eswatini (Swaziland) et d’animaux vivants et de trophées de chasse de la Namibie ;
- a examiné les mesures concernant l’exportation d’éléphants d’Afrique vivants vers « des destinataires appropriés et acceptables », dans le cadre desquelles les exportations en dehors de l’aire de répartition naturelle seront autorisées dans des « circonstances exceptionnelles » uniquement, en consultation avec les organes CITES et UICN compétents, et seulement s’il y a des « avantages pour la conservation in situ » ;
- n’a pas accepté les propositions d’autorisation d’un commerce limité d’ivoire d’éléphants d’Afrique, ce qui signifie que l’interdiction actuelle du commerce reste en vigueur ;
- a prié le Mexique de mobiliser ses autorités juridiques et sa marine pour empêcher les pêcheurs et les navires de pêche de pénétrer dans le refuge du marsouin du golfe de Californie, une espèce quasi éteinte, et a demandé au Secrétariat d’évaluer l’efficacité de ces mesures avant la fin de 2019 ;
- a accepté une proposition de l’Afrique du Sud d’exclure les produits finis, prêts pour la vente de détail, d’aloès, une plante médicinale populaire, du système de permis qui couvre par ailleurs cette plante ; tout impact possible sera soigneusement surveillé ;
- a soutenu à l’unanimité une décision visant à examiner le commerce des oiseaux chanteurs, des anguilles, des espèces de Boswellia et de bois de rose non inscrits à la CITES comme moyen de déterminer le rôle que la CITES pourrait ou devrait jouer en matière de conservation et de gestion de ces espèces ;
- a organisé une réunion du Plan d’action pour l’éléphant d’Afrique afin d’encourager la coopération entre les États de l’aire de répartition de l’éléphant d’Afrique ;
- a organisé plus de 80 activités parallèles pour fournir des informations et des analyses aux délégués sur toute une gamme de questions relevant de la CITES.
Cent soixante-neuf États membres (plus l’Union européenne) ont assisté à la CoP18 ainsi qu’environ 1700 délégués, observateurs et journalistes. La CoP19 aura lieu en 2022 au Costa Rica.
Note aux journalistes : Pour des informations générales sur la Convention et son fonctionnement, veuillez consulter « Découvrez la CITES » à l’adresse www.cites.org. Pour d’autres informations, veuillez contacter Michael Williams à l’adresse michael.williams@un.org(jusqu’au 31 août) ou Yuan Liu à l’adresse yuan.liu@cites.org ou +41 79 652 0108.