Remarques d’ouverture d’Ivonne Higuero, Secrétaire générale de la CITES, à la Réunion ministérielle de l’ASEAN sur le commerce illégal des espèces sauvages

Mise à jour le 17 août 2020

21 mars 2019, Chiang Mai, Thaïlande

Honorable Ministre, Général Surasak Karnjanarat, distingués délégués des États membres de l’ASEAN, Excellences, mesdames et messieurs,

C’est un honneur et un privilège d’être ici avec vous pour cette Réunion ministérielle spéciale de l’ASEAN sur le commerce illégal des espèces sauvages très opportune. Je vous remercie de votre invitation, Excellence, et je saisis cette occasion pour féliciter la Thaïlande qui assume la présidence de l’ASEAN en 2019. Vous avez pris d’excellentes dispositions pour cette réunion, la nuit dernière a été spectaculaire et, au Secrétariat, nous avons eu la chance de bénéficier de la générosité de la Thaïlande qui a accueilli, à deux reprises, notre Conférence des Parties.

Comme vous le savez, la criminalité liée aux espèces sauvages est une menace pour la survie de certaines des espèces les plus charismatiques du monde mais aussi de nombreuses espèces plus discrètes avec, souvent, des conséquences économiques, sociales et environnementales dévastatrices.

Nul n’ignore, aujourd’hui, que la criminalité liée aux espèces sauvages est un crime grave, impliquant des groupes criminels organisés et qu’il est essentiel que nous la traitions comme telle. Nous devons déployer à son encontre les outils et les techniques qui servent à la lutte contre d’autres crimes organisés graves, transnationaux et nationaux.

La gravité de la criminalité contre les espèces sauvages est reflétée dans les résolutions et déclarations adoptées dans de nombreux forums, à l’échelon mondial et au plus haut niveau. On peut citer par exemple les résolutions de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la Lutte contre le trafic des espèces sauvages et les Objectifs de développement durable des Nations Unies qui traitent spécifiquement de la lutte contre le trafic d’espèces sauvagesdans les cibles de l’Objectif 15.

Par ailleurs, nous constatons un potentiel encore plus grand au niveau régional, par exemple, la Déclaration deKuala Lumpur sur l’ASEAN 2025, intitulée Forging Ahead Together (Forger l’avenir ensemble).

C’est exactement ce qu’il faut pour lutter contre la criminalité liée aux espèces sauvages : une coopération régionale forte. Des stratégies nationales et régionales rigoureuses sont essentielles et une collaboration solide est tout aussi importante entre les pays d’origine, de transit et de destination pour faire en sorte que toutes les activités criminelles soient contrées et neutralisées, tout le long de la chaîne de la lutte contre la fraude, de la source à la destination finale.

La présente session, qui s’est donné pour mission de consolider et d’harmoniser les efforts stratégiques des États membres de l’ASEAN contre la criminalité liée aux espèces sauvages, est essentielle. Elle facilitera une vigilance continue dans la lutte. Excellences, à travers cette plateforme de l’ASEAN, vous êtes en mesure d’échanger les meilleures pratiques ainsi que vos expériences respectives sur les progrès accomplis en vue d’éliminer le commerce illégal des espèces sauvages.

Ainsi, plusieurs États membres de l’ASEAN ont appliqué des mesures et activités louables de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages. Il y a des travaux très positifs en Thaïlande pour lutter contre cette criminalité en appliquant les technologies de criminalistique et nous venons tout juste d’être informés de l’adoption d’une nouvelle législation sur les espèces sauvages.

Au Viet Nam, le nouveau Code pénal révisé dont certaines dispositions prévoient l’application de sanctions dissuasives fortes est entré en vigueur en 2018 et le Secrétariat collabore actuellement avec la République démocratique populaire lao afin de renforcer l’application de la CITES dans ce pays.

De nombreux pays de l’ASEAN font aussi de bons progrès dans l’application de leurs plans d’action nationaux pour l’ivoire, un outil pratique qu’utilise la CITES dans plusieurs États membres pour renforcer les contrôles sur le commerce et les marchés de l’ivoire et pour aider à lutter contre le commerce illégal de l’ivoire.

Les activités des États membres sont trop nombreuses pour que je les décrive toutes dans le temps qui m’est imparti mais ces exemples montrent qu’il se passe beaucoup de choses. N’oublions pas ceux qui ont reçu des prix du PNUE pour avoir empêché un crime environnemental transfrontalier : Wichien Chinnawong, célèbre en Thaïlande pour l’arrestation d’un braconnier notoire ; Le Thi Hang, qui a rendu justice dans l’un des cas de criminalité les plus graves contre les espèces sauvages au Viet Nam ; l’équipe des douanes thaïlandaises, la police royale thaïlandaise et le Département des parcs nationaux, de la conservation des espèces sauvages et des plantes ; et l’équipe de la Division d’enquête et répression des douanes royales thaïlandaises.

La communauté du développement apporte aussi un appui solide. Je souhaite souligner une entreprise en particulier, le Consortium international de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages (ICCWC).

L’ICCWC est un effort collaboratif entre le Secrétariat de la CITES, INTERPOL, l’ONUDC, la Banque mondiale et l’Organisation mondiale des douanes. Sa mission consiste à renforcer les systèmes de justice pénale et à fournir un appui coordonné, aux niveaux national, régional et international, à la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages et aux forêts.

Comme vous le savez, la CITES est le cadre juridique fondamental de la réglementation du commerce international de spécimens d’animaux et de plantes.

La Conférence des Parties à la CITES a adopté des décisions et des résolutions pour lutter contre la criminalité liée aux espèces sauvages et ce thème sera une fois encore l’objet de débats approfondis à la CoP18 de la CITES, à Colombo, en mai, où les progrès seront examinés et où d’autres mesures seront discutées et convenues.

Je vous encourage à tout faire pour garantir que ces décisions et résolutions soient intégrées dans les stratégies élaborées par les États membres de l’ASEAN pour lutter contre la criminalité liée aux espèces sauvages.

La criminalité liée aux espèces sauvages est une menace grave et nous devons rester vigilants et continuer de consolider nos efforts. Si nous persistons, nous parviendrons, ensemble, à mettre un terme à la criminalité liée aux espèces sauvages. Merci.