Les autorités d'Afrique de l'Ouest et les spécialistes s'accordent sur la voie de la durabilité à emprunter quant aux bois de rose inscrits aux Annexes de la CITES

Mise à jour le 18 octobre 2019

Genève, 5 août 2019 – Lors de la 17ème session de la Conférence des Parties à la CITES (qui s'est tenue à Johannesbourg en 2016), près de 250 nouvelles espèces de bois de rose ont été inscrites à l'Annexe II de la CITES. Un fort pourcentage de celles-ci se trouve dans les pays d'Afrique de l’Ouest, à savoir les trois espèces des genres Dalbergia, Guibourtia et Pterocarpus.

Ces nouvelles inscriptions sont entrées en vigueur au 2 janvier 2017. Compte tenu du commerce illégal dont le bois de rose fait l'objet et du manque d'informations permettant d’étayer la formulation d'avis de commerce non préjudiciable et d'acquisition légale, il a été particulièrement difficile, pour la sous-région d'Afrique de l'Ouest, de mettre en œuvre les nouvelles dispositions de la CITES régissant le commerce de ces espèces.

En 2017, les exportations en provenance de Gambie, du Ghana et du Nigeria représentaient 85 % du commerce mondial déclaré du bois de rose Pterocarpus erinaceus. Dans le même temps, selon l'évaluation la plus récente de la menace planant sur l'Afrique de l'Ouest et centrale, réalisée par le Secrétariat (cites.org/sites/default/files/eng/cop/18/doc/E-CoP18-034.pdf), les profits générés par le marché du commerce illégal du bois de rose dans ces sous-régions sont considérables. Ils dépassent de loin ceux issus des autres marchés illégaux d'espèces sauvages.

Soucieux de cette situation et dans une volonté de coordonner une approche sous-régionale pour s'atteler à ce commerce illégal, un "dialogue régional de haute portée sur la façon d'accentuer la protection et la conservation des espèces menacées en Afrique de l'Ouest, mettant notamment l'accent sur le bois de rose" s'est tenu du 29 au 31 juillet 2019 à Accra (Ghana). Ce dialogue a été organisé par la Commission de l'Union africaine (CUA), de concert avec la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l'USAID (Agence des États-Unis pour le développement international), dans le cadre de son Programme pour la Biodiversité et le Changement Climatique en Afrique de l’Ouest (WA BiCC), en collaboration avec le gouvernement de la République du Ghana et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Des représentants des 15 pays membres de la CEDEAO, du Secrétariat de la CITES, des organisations internationales, du secteur privé et du secteur non-gouvernemental, ont échangé et étudié les meilleures informations disponibles quant aux bois de rose africains en Afrique de l'Ouest, aux défis que le commerce illégal suscite et enfin, à la façon de progresser pour parvenir à une totale conformité avec les dispositions de la CITES en la matière.

Hon. Benito Owusu-Bio, sous-ministre des Terres et des Ressources naturelles du Ghana, a souligné qu'accueillir un dialogue de grande portée constituait une opportunité de s'enrichir de l'expérience des pays voisins du Ghana et de définir une approche coordonnée pour s'atteler à ce problème aux échelons national, régional et mondial. Il a ensuite ajouté que le Ghana mettait actuellement en œuvre des mesures restrictives visant à contrer le commerce illégal des bois de rose. M. Kwadwo Owusu Afriyie, directeur général de la Commission des forêts de la République du Ghana, a souligné que ce dialogue s'était déroulé à un moment clé. En effet, de nombreuses et diverses sources émettent de sérieuses inquiétudes quant à la situation du bois de rose et le rythme rapide de son exploitation dans la sous-région d'Afrique de l'Ouest.

Au terme de ce dialogue, la rencontre s'est achevée sur un temps fort, lorsque les Etats membres de la CEDEAO ont adopté la "déclaration d'Accra visant à lutter contre le commerce illégal des bois de rose, du bois et des produits forestiers en Afrique de l'Ouest". Ils ont ainsi manifesté leur engagement en vue d'assurer la survie, à long terme, des espèces de bois de rose précieux.

La 18ème session de la Conférence des Parties à la CITES (qui se déroulera à Genève, du 17 au 28 août 2019) verra un ensemble d'échanges pertinents pour les bois de rose : du trafic illégal des bois de rose aux modifications apportées aux Annexes où figurent les inscriptions des espèces de bois de rose, en passant par les lignes directrices visant à obtenir les meilleures informations scientifiques afin d'étayer la formulation d'avis de commerce non préjudiciable (ou ACNP). Ivonne Higuero, Secrétaire-Générale, a précisé : "Le dialogue de haute portée relatif au bois de rose et la déclaration qui en résulte constituent une initiative louable et proactive de la part des pays d'Afrique de l'Ouest. Elle offre un fort potentiel pour fournir des bases communes permettant d'ouvrir la voie entre les 18ème et 19ème sessions des Parties à la CITES. Elle renforce la mise en œuvre de la CITES quant aux espèces clés de bois de rose au sein de la sous-région."

Mme Nora Berrahmouni, Fonctionnaire Forestière Principale au Bureau Régional de la FAO pour l’Afrique, a souligné : "Toute initiative visant à lutter contre l'exploitation et le commerce illicites des ressources forestières dans cette région doit prévoir de donner les moyens nécessaires aux communautés dont les moyens de subsistance sont tributaires des ressources forestières. Si ces communautés sont correctement soutenues par des options socio-économiques viables, elles peuvent devenir les meilleurs défenseurs de la gestion des ressources forestières et de l'environnement en Afrique".

Stephen Kelleher, chef de projet du WA BiCC, a conclu : "Il est passionnant de constater que la CEDEAO, notre partenaire régional clé, se joint à notre entreprise, aux côtés de l'UA, de la FAO et d'autres responsables, dans le but de réunir des décideurs, des professionnels et des chercheurs pour évaluer et s'atteler à la situation périlleuse du trafic illégal de bois de rose en Afrique de l'Ouest. Nous espérons que ce dialogue a donné aux participants les moyens d'agir, grâce aux informations et aux éclairages, et qu'ils seront en mesure d'agir de façon concrète sur le terrain, pour mettre un terme au commerce illégal du bois de rose, et inverser la tendance et ce, pour le bien des générations actuelles et futures."