Onzième session de la Conférence des Parties à la Convention sur les espèces migratrices
Quito, Équateur, 4 novembre 2014
Séance plénière d’ouverture
Allocution prononcée par le Secrétaire général de la CITES, John E. Scanlon
Mme Lorena Tapia Núñez, Ministre de l’environnement,
M. Øystein Størkersen, président élu du Comité plénier,
M. Bradnee Chambers, Secrétaire exécutif,
Chers hôtes, amis et collègues,
C’est un grand honneur pour moi de me joindre à vous en cette belle ville de Quito, inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO, et j’aimerais également exprimer ma profonde gratitude au Gouvernement et au peuple équatoriens pour leur chaleureuse hospitalité.
Permettez-moi également de féliciter le président élu du Comité plénier pour son élection – vous êtes en de très bonnes mains -, et votre Secrétaire exécutif, pour sa nomination ainsi que pour l’énergie et la créativité qu’il a apportées à la Convention.
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La CITES et la CMS ont des origines communes et des missions complémentaires et il existe de longue date une collaboration entre leurs programmes, qui va en se renforçant.
C’est l’UICN qui a en premier appelé à l’élaboration de ces deux conventions au début des années 1960. Cet appel a été entendu et consacré dans des recommandations adoptées à la Conférence des Nations Unies sur l’environnement qui s’est tenue à Stockholm en 1972, et qui a débouché sur l’adoption, dans la décennie, de la CITES, en 1973, et de la CMS, en 1979.
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La CITES et la CMS s’appliquent toutes deux à des espèces spécifiques par le biais d’un processus intergouvernemental. Aujourd’hui, il existe plus de 500 espèces communes aux deux conventions – comme on peut facilement le constater en effectuant une recherche sur le portail Species+ récemment inauguré – et je salue le PNUE-WCMC avec qui nous nous sommes associés pour parvenir à cette grande réalisation.
Les deux conventions ont en commun le fait que des facteurs biologiques associés à des mouvements transfrontaliers sont nécessaires pour déclencher l’inscription d’une espèce à une annexe. Dans le cas de la CMS, les espèces migratrices traversent les frontières par leurs propres moyens, en marchant, volant ou nageant – et la CMS collabore avec les États pour s’assurer que cette migration à travers les frontières nationales puisse se poursuivre sans entraves. Une inscription aux annexes de la CMS est peut-être le laissez-passer mondial pour les espèces migratrices.
Dans le cas de la CITES, les espèces traversent les frontières nationales en avion, bateau ou camion sous l’effet d’une intervention humaine. La réglementation stricte d’un tel commerce a pour but de s’assurer que celui-ci ne menace pas la survie des espèces sauvages – la Convention faisant peser des obligations à la charge des États d’origine, de transit et de destination.
Lorsque des animaux vivants font l’objet de transactions commerciales – lorsqu’ils sont importés ou exportés – dans la cadre de la CITES, les autorités doivent réduire au maximum le risque de blessure, d’atteinte à leur santé ou de traitements cruels, et c’est l’une des toutes premières dispositions relatives au bien-être des animaux en droit international.
La CITES et la CMS ayant un aspect transfrontalier, elles ne sauraient être mises en œuvre sans une importante coopération internationale. Notre succès collectif dépend de cette coopération internationale, associée à l’adoption de mesures efficaces sur le plan national. Les deux sont nécessaires et la CITES et la CMS s’efforcent de soutenir leurs Parties à tous les niveaux, individuellement et, parfois, collectivement.
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Chers hôtes, on entend beaucoup parler des synergies entre les conventions ayant trait à la biodiversité et je suis personnellement enclin à vouloir produire des synergies pragmatiques entre les programmes, qui ont un véritable impact sur le terrain – et il n’existe pas de meilleur exemple de telles synergies en pratique qu’entre la CITES et la CMS.
Cette semaine, vous allez examiner des plans d’action détaillés pour la conservation du mouflon d’Asie et du faucon sacre, ainsi que l’Initiative pour la conservation des mammifères en Asie Centrale, qui ont tous été établis conjointement avec la CITES. Grâce à cette étroite collaboration, des questions relevant de la CITES ont été directement prises en compte dans ces plans et cette initiative. Ils tirent les leçons des excellents résultats du plan d’action pour la conservation de l’antilope saïga, grâce auquel l’état de cette espèce s’est beaucoup amélioré.
Nous voyons également émerger des occasions intéressantes de travailler ensemble sur les requins et les raies – un domaine dans lequel les Parties à la CITES ont pris de vigoureuses décisions lors de leur 16e Conférence, en 2013, en plaçant cinq nouvelles espèces de requins et toutes les raies manta sous le contrôle de la CITES. La Conférence des Parties a aussi adopté une résolution révisée sur la manière d’interpréter et de mettre en œuvre les dispositions de la CITES relatives à la capture d’espèces marines en haute mer (désignée par l’expression « introduction en provenance de la mer » dans la Convention).
Enfin, nos Comités permanents respectifs ont à présent tous deux approuvé un plan de travail quinquennal commun qui avait fait l’objet d’un accord entre nos deux Secrétariats.
Il existe bien d’autres domaines de synergie, notamment sur les portails Species+ et InforMEA, ainsi que dans les domaines de l’établissement des rapports nationaux et de la révision et de la mise en œuvre des Stratégies et plans d’action nationaux pour la biodiversité (SPANB). La liste est longue, mais, faute de temps, je dois m’arrêter là. J’aimerais toutefois exprimer ma gratitude à Mme Elizabeth Mrema pour le rôle qu’elle a joué dans l’approfondissement de ces synergies, et remercier également le Gouvernement allemand pour la générosité dont il a fait preuve en finançant le premier poste budgétaire conjoint CITES/CMS.
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Nous sommes confrontés à de nombreux défis pour assurer la conservation et l’utilisation durable des espèces sauvages, notamment à une aggravation sans précédent de l’abattage illégal et du commerce qui s’ensuit de nombreuses espèces animales, emblématiques ou moins connues, - comme l’éléphant, le rhinocéros, le guépard et le pangolin -, ainsi que de nombreuses essences forestières, telles que le palissandre.
Le rôle prépondérant de la CITES dans la lutte contre le commerce illégal des espèces sauvages est bien reconnu – mais la CMS a également un rôle complémentaire à jouer, notamment en s’attaquant à la capture illégale d’animaux au niveau national qui ne sont pas commercialisés sur le plan international.
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Chers hôtes, la CITES et la CMS, ainsi que les autres conventions appartenant à la famille des traités relatifs à la biodiversité, sont au cœur même de la gouvernance internationale en matière environnementale et le succès de leur mise en œuvre est essentiel pour assurer la survie des espèces sauvages et de notre qualité de vie.
La CMS – et les divers accords qui ont été conclus en application de celle-ci – sont l’occasion pour nous tous de prendre conscience de la beauté naturelle des espèces sauvages migratrices et de leur immense valeur à bien des égards.
C’est à nous tous qu’il revient de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour aider les États à utiliser au mieux ces instruments juridiques bien ciblés, et je félicite toutes les personnes ici présentes pour avoir contribué à faire mieux connaître et à renforcer l’efficacité de cette importante convention. Le chef de notre Service d’appui scientifique, M. David Morgan, sera présent ici toute la semaine pour vous soutenir dans vos efforts.
Je vous remercie de m’avoir invité à me joindre à vous aujourd’hui et vous souhaite une réunion fructueuse.
Passons à l’action !