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COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Contrôles levés à la frontière d'Asie centrale. Le commerce des espèces sauvages sous le feu des projecteurs
Bonn, Allemagne, 1er juillet 2014 – Selon une nouvelle série d'études publiée aujourd'hui, les pays membres de la toute nouvelle Union douanière eurasienne (l'ECU, comprenant la Biélorussie, le Kazakhstan et la Russie) doivent adopter une approche bien coordonnée afin de mieux réglementer le commerce des espèces sauvages et d'éviter qu'il ne soit préjudiciable à la survie des espèces sauvages d'Asie centrale.
L'ECU est une vaste région qui s'étend de la Chine à l'est, à l'Union européenne à l'ouest. À l'instar des autres zones d'intégration économique régionale, la création de cette union douanière ouvre les frontières entre les pays qui la composent.
Bien que, formellement, la suppression des contrôles aux frontières intérieures ne vise pas à modifier la mise en œuvre et le respect des obligations découlant de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES), dans la pratique, elle pourrait entraîner des mouvements libres et non déclarés de spécimens d'espèces sauvages au sein de l'ECU, y compris des espèces couvertes par la Convention.
Ce ne sont là que quelques-unes des conclusions des trois rapports sur la région publiés aujourd'hui par TRAFFIC et le Secrétariat CITES en anglais et en russe. Ces rapports ont été présentés à la 18e réunion du Conseil scientifique de la Convention sur les espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS), qui a débuté aujourd'hui à Bonn, en Allemagne, et où un projet d'initiative sur les mammifères d'Asie centrale est présenté aux scientifiques de la CMS.
"Les frontières politiques coïncident rarement avec les habitats et les écosystèmes naturels, en particulier dans les régions de montagne où les frontières nationales suivent souvent les lignes de crêtes. Sachant que des espèces animales telles que les chèvres de montagne, et des prédateurs tels que le léopard des neiges et le loup vivent de part et d'autre des chaînes de montagne et des frontières, la coopération transfrontalière entre les ministères, les pays et les traités est essentielle pour conserver la plus vaste répartition géographique, mieux gérer les espèces et faciliter la prévention du commerce international illégal — l'argali de Marco Polo dans le Pamir n'est qu'une espèce parmi d'autres dont le territoire s'étend à ces cinq pays", a déclaré David Morgan, chef des Services scientifiques de la CITES.
Les pays d'Asie centrale recèlent une faune et une flore très riches, elles aussi menacées par le commerce illégal de cornes de saïga, de musc, de peaux de léopards des neiges, de faucons, d'argalis et d'espèces végétales endémiques au Caucase.
"L'Initiative de la CMS pour les mammifères d'Asie centrale (CAMI) rassemble tous les pays d'Asie centrale autour de l'une même table afin de préserver les espèces sauvages au-delà des frontières, dans ce point névralgique de migration animale", a déclaré Christiane Roettger, Responsable régionale de la CMS pour l'Asie centrale.
"Une collaboration étroite entre la CMS, la CITES, les organismes gouvernementaux et des ONG telles que TRAFFIC est essentielle si nous voulons nous attaquer conjointement au commerce illégal des espèces sauvages et gérer durablement des espèces charismatiques de la région comme le léopard des neiges, l'antilope saïga et l'argali. Les trois nouveaux rapports présentés aujourd'hui au Conseil scientifique de la CMS apporteront une contribution de taille aux futurs travaux de la CAMI".
Un manque de cohérence dans le contrôle du commerce des espèces sauvages pourrait entraîner l'exploitation du plus faible maillon de la chaîne, permettant ainsi au commerce illégal de gagner l'ECU par la voie où le risque de détection est le plus faible, à savoir le permit-shopping (achat de permis), qui permet à des négociants s'étant vu refuser un permis d'importation dans un pays membre de l'ECU d'en obtenir un auprès d'un autre pays. L'éventuel futur élargissement de l'ECU à des pays non-Parties à la CITES comme le Tadjikistan pourrait ajouter encore à la complexité de la tâche des personnes chargées de faire appliquer et respecter la CITES dans la région. Les États membres de l'ECU devront également collaborer étroitement à la mise en place de mesures de gestion telles que la fixation des quotas ou la rédaction des avis de commerce non préjudiciable, une exigence clé avant qu'un pays puisse autoriser l'exportation de spécimens d'espèces CITES.
"L'Asie centrale abrite des espèces charismatiques extrêmement variées, qui sont des symboles importants de la diversité de la région et revêtent une importance non négligeable pour l'économie régionale; l'ouverture des frontières au sein d'une union douanière pose cependant des défis évidents pour la réglementation du commerce des espèces sauvages visant à prévenir les pratiques illégales et non durables", a déclaré Stephanie von Meibom, Directrice régionale de TRAFFIC pour l'Europe
"La chasse aux trophées pourrait également être affectée. Il s'agit d'une activité importante dans cette région qui, avec la Russie et plusieurs pays d'Asie centrale, constitue une destination très prisée des chasseurs européens à la recherche de trophées d'oiseaux et de mammifères. Bien gérée, la chasse légale aux trophées peut, pour certaines espèces, contribuer à la conservation de la biodiversité et aux moyens d'existence locaux", a déclaré David Morgan pour conclure.
Une analyse effectuée récemment par TRAFFIC de la base de données CITES sur le commerce a révélé qu'entre 2000 et 2010, non moins de 10 245 trophées de chasse d'espèces inscrites aux annexes CITES avaient été exportés par des pays couverts par l'initiative. Il s'agissait principalement de trophées d'argalis, d'ours bruns et de loups. La plupart de ces trophées de chasse provenaient de Russie (9473), et un plus petit nombre du Tadjikistan (705), du Kirghizistan (668), du Kazakhstan (126), et de l'Ouzbékistan (13).
Il existe cependant de nombreux exemples récents de braconnage et de commerce illégal de trophées d'espèces CITES dans la région. Le niveau réel des prélèvements illicites est inconnu. Les cas connus ne représentent probablement qu'une infime partie de la réalité. Dans toute la région, le secteur de la conservation des espèces manque de ressources, que ce soit en personnel qualifié, en financement, en transport et autres équipements, ce qui limite sérieusement l'efficacité des efforts anti-braconnage.
Depuis 2004, la CITES a pris des mesures pour renforcer sa coopération avec la CMS afin de parvenir à une approche plus cohérente de la conservation et de l'utilisation durable des espèces couvertes par les deux conventions. Cette coopération se traduit par un protocole d'entente couvrant un programme continu d'activités conjointes. Les rapports publiés aujourd'hui seront utiles aux Parties des deux conventions.
TRAFFIC a été chargé par le Secrétariat CITES, avec des fonds de l'Union européenne, de compiler les trois rapports portant sur ces questions et d'autres enjeux du commerce des espèces sauvages, aux fins de renforcer les capacités de mise en œuvre et d'application de la CITES en Asie centrale et en Russie. TRAFFIC espère que ces rapports contribueront à favoriser la coordination, la coopération et l'échange d'informations entre les pays concernés de la région d'Asie centrale, et a l'intention de continuer à aider ces pays à gérer l'utilisation et le commerce des espèces animales et végétales sauvages dans la région.
Les trois rapports mentionnés sont les suivants:
Wildlife trade in the Eurasian Customs Union and in selected Central Asian countries: étudie la mise en œuvre de la CITES dans les pays de l'ECU et d'autres pays d'Asie centrale.
A Framework for CITES non-detriment findings for hunting trophies with a focus on Argali Ovis ammon: aide à déterminer la mesure dans laquelle le commerce de trophées d'une espèce particulière peut être préjudiciable à sa survie.
Trophy Hunting of CITES-listed species in Central Asia: examine les politiques et réglementations liées à la chasse aux trophées dans plusieurs États de l'aire de répartition de l'argali Ovis ammon et constitue un cadre pour l'établissement de programmes de chasse durable à l'appui de la conservation de la nature.
Notes aux rédacteurs:
Pour plus d’informations, contacter Juan Carlos Vasquez par téléphone au +41 22 917 8156, ou par courriel juan.vasquez@cites.org
Richard Thomas, Global Communications Co-ordinator, TRAFFIC: +44 1223 651782 ou richard.thomas@traffic.org.
Rapports disponibles:
Wildlife trade in the Eurasian Customs Union and in selected Central Asian countries disponible en anglaiset en russe.
A Framework for CITES non-detriment findings for hunting trophies with a focus on Argali Ovis ammon disponible en anglaiset en russe.
Trophy Hunting of CITES-listed species in Central Asia, disponible en anglaiset en russe.
Au sujet de la CITES :
Avec 180 États membres, la CITES reste l’un des instruments les plus puissants au monde pour la conservation de la biodiversité par la réglementation du commerce de la faune et de la flore sauvages. Des milliers d’espèces font l’objet d’un commerce international et sont utilisées par l’homme dans sa vie quotidienne pour se nourrir, se loger, se soigner, ainsi que pour l’écotourisme, les cosmétiques ou la mode.
La CITES règlemente le commerce international de près de 35 000 espèces de plantes et d’animaux, y compris de leurs parties et produits, assurant leur survie dans la nature au bénéfice tant des populations locales qui conservent ainsi leurs moyens de subsistance que de l’environnement mondial. Le système de permis CITES a pour but de veiller à ce que le commerce international des espèces inscrites aux annexes CITES soit durable, légal et traçable. La CITES a été adoptée à Washington D.C. le 3 mars 1973
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Au sujet deTRAFFIC:
TRAFFIC, le réseau de surveillance du commerce des espèces sauvages, s’efforce de faire en sorte que le commerce de plantes et d’animaux sauvages ne nuise pas à la conservation de la nature. TRAFFIC est une organisation non gouvernementale et est une alliance stratégique de l'UICN et du WWF.