Célébration du 20e anniversaire de l’adhésion du Viet Nam à la CITES
Allocution de John E. Scanlon, Secrétaire général de la CITES
Hanoï, Viet Nam, 27 mai 2014
M. Vu Van Tam, Vice-Ministre de l’Agriculture et du Développement rural,
M. Periowsamy Otharam, Secrétaire général de l’Assemblée interparlementaire de l’ASEAN,
Excellences,
Honorables délégués,
Mesdames et Messieurs,
C’est un grand honneur d’être avec vous à Hanoï aujourd’hui pour célébrer cet évènement particulier, et je souhaite adresser ma profonde gratitude au Gouvernement du Viet Nam pour son aimable invitation et son accueil chaleureux.
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La CITES fait partie de la première vague de traités environnementaux mondiaux. Adoptée à Washington D.C. en 1973, elle a été la première à entrer en vigueur en juillet 1975.
En adhérant à la CITES en 1994, le Viet Nam était la 121e Partie à la Convention, qui compte aujourd’hui 180 États Parties.
Alors qu’elle a maintenant 41 ans, la CITES est nécessaire aujourd’hui plus que jamais - et les chefs d’État et les gouvernements réunis à la Conférence Rio+20, qui s’est tenue en juin 2012, ont reconnu (dans le document final L’avenir que nous voulons) l’importance du rôle de la CITES en tant qu’accord international agissant au carrefour du commerce, de l’environnement et du développement.
La CITES s’est révélée être un traité unique et efficace, qui a évolué au fil du temps pour répondre à de nouveaux enjeux. Sa réussite vient en grande partie de son approche opérationnelle et pragmatique, qui allie la coopération internationale avec la mise en œuvre et la lutte contre la fraude « sur le terrain » grâce à des organes de gestion, des autorités scientifiques et des autorités de lutte contre la fraude agissant au niveau national.
À cet égard, je tiens à féliciter et à remercier les autorités CITES du Viet Nam pour l’ensemble de leur excellent travail au cours des 20 dernières années, notamment en matière d’’examen de la législation et des politiques nationales - la législation du Viet Nam étant dans la catégorie 1 (ce qui signifie qu’elle répond pleinement aux exigences de la CITES), et le Viet Nam étant parmi les premiers pays à entreprendre et finaliser un Examen des politiques relatives au commerce des espèces sauvages.
Il est cependant évident au regard de l’état actuel de l’environnement, ainsi que de l’ampleur et de la nature du commerce illégal des espèces sauvages, que nous avons encore beaucoup de travail à faire. La dynamique de la criminalité liée aux espèces sauvages a changé - et notre réponse doit également changer afin de veiller à ce qu’elle corresponde à l’échelle, à la nature et aux effets immédiats de la menace que le trafic des espèces sauvages représente maintenant pour les plantes et les animaux sauvages, les personnes, la sécurité et l’économie.
La bonne nouvelle est qu’il y a eu, ces dernières années, à tous les niveaux politiques et à travers de multiples organismes, une prise de conscience mondiale de la gravité des menaces que représente le trafic des espèces sauvages - et le Viet Nam a joué un rôle important dans cet effort collectif.
Le développement rapide de l’économie du Viet Nam a généré de nouveaux défis pour la conservation et l’utilisation durable des ressources naturelles, et notamment des espèces de la faune et de la flore sauvages. Le Viet Nam a perdu son dernier rhinocéros de Java, abattu par des braconniers en 2011, et sa population d’éléphants a diminué de 2 000 individus environ en 1975 à moins de 100 aujourd’hui. Il est à la fois un pays d’origine et de transit pour le commerce illégal de bois de rose de Siam et une destination majeure pour la corne de rhinocéros commercialisée illégalement.
L’ASEAN se dirige dans le futur vers la réalisation de la Communauté économique de l’ASEAN d’ici 2020, la mise en œuvre de la Zone de libre-échange de l’ASEAN, et l’approche de guichet unique, et ces initiatives présenteront leurs propres opportunités et leurs propres difficultés pour la réglementation du commerce international des espèces sauvages.
Les défis sont nombreux et variés, et nous notons avec une grande satisfaction les efforts nationaux du Viet Nam pour les relever, en particulier depuis la dernière CoP de la CITES en 2013.
La récente directive du Premier Ministre pour renforcer l’effort de lutte contre la fraude liée aux espèces sauvages dans tous les ministères, les secteurs et les autorités locales, et pour stopper la demande en produits faisant l’objet de commerce illégal – ainsi que l’élaboration du Plan d’action pour la soutenir - représente une étape majeure dans la mise en œuvre de la CITES au Viet Nam.
Le Viet Nam a également exprimé son intention de mettre en œuvre l’Outil d’analyse de la criminalité liée aux espèces sauvages et aux forêts de l’ICCWC(Consortium international de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages), et il a intégré les priorités CITES de lutte contre la fraude dans sa version révisée (avant-projet) de Stratégie et plan d'action nationaux pour la biodiversité (SPANB), ce qui ouvrira par ailleurs des possibilités pour bénéficier de financements du FEM. Nous espérons qu’il constituera un exemple à suivre pour les autres pays au moment de réviser leurs propres SPANB.
Suite à la CoP de la CITES en 2013, le Viet Nam a élaboré un plan d’action national détaillé pour l’ivoire, contenant 21 actions spécifiques. Il a également fait état de nombreuses mesures prises en réponse à des décisions relatives au commerce illégal de la corne de rhinocéros. L’ensemble de ces mesures sera présenté pour examen au Comité permanent de la CITES en juillet.
Le Viet Nam joue également un rôle de plus en plus actif dans les affaires de la CITES au niveau international, à travers le Réseau de lutte contre la fraude liée aux espèces sauvages de l’ASEAN, l’effort intercontinental de lutte contre la fraude intitulé Opération Cobra, et sa collaboration avec l’Afrique du Sud pour la lutte contre le braconnage et la contrebande des rhinocéros.
Alors que la plupart des discussions cette semaine se concentrent sur le commerce illégal des espèces sauvages, il est également important de noter que le Viet Nam a pris des mesures positives pour assurer la conservation et l’utilisation durable des espèces inscrites à la CITES qui peuvent faire l’objet de transaction commerciales au titre de la CITES, et en particulier à l’égard des hippocampes et des pythons.
Nous nous réjouissons de continuer à travailler très étroitement avec les autorités CITES du Vietnam alors qu’elles renforcent encore leurs efforts pour combattre et supprimer la demande relative au commerce illégal des espèces sauvages – et à soutenir son travail avec les scientifiques et les communautés locales afin de s’assurer de la durabilité du commerce légal de certaines espèces inscrites à la CITES.
Dans les deux cas, nous encourageons le Viet Nam à jouer à l’avenir un rôle encore plus important dans la mise en œuvre de la Convention.
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Mesdames et Messieurs, c’est une occasion vraiment spéciale aujourd’hui. Je suis honoré d’être ici à Hanoï au nom de toute la famille de la CITES, et je tiens à vous féliciter et vous remercier sincèrement pour votre accueil chaleureux et pour nous avoir donné l’occasion de partager cette importante étape avec vous.