Congrès mondial sur les espèces de 2024 : Allocution de la Secrétaire générale de la CITES, Ivonne Higuero

Mise à jour le 23 mai 2024

 

Congrès mondial sur les espèces de 2024

Allocution de la Secrétaire générale de la CITES, Ivonne Higuero
15 mai 2024
 

Bonjour ou bonsoir à toutes celles et ceux qui sont en ligne à ce premier Congrès mondial des espèces, une première historique ! Félicitations à Reverse the Red. 

C'est un plaisir de me joindre à vous pour célébrer les stratégies à succès et explorer de nouvelles voies pour la conservation. Je suis Ivonne Higuero, Secrétaire générale du Secrétariat de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES). Je suis ravie de partager avec vous le travail accompli par la CITES au cours des 50 dernières années pour éviter l'extinction des espèces en garantissant la durabilité, la légalité et la traçabilité du commerce international des animaux et des plantes sauvages.

Le commerce mondial des espèces sauvages fait partie intégrante de l'économie mondiale, les transactions portant sur des individus ou des produits dérivés étant évaluées à des millions, voire à des milliards de dollars américains. De nombreux secteurs dépendent des espèces sauvages, notamment la construction, la mode et l'industrie cosmétique. 

Pourtant, nous sommes confrontés à de graves problèmes, qu'il s'agisse des changements climatiques, de la perte d’habitats ou de la surexploitation. Nous devons veiller à ce que notre utilisation des ressources sauvages soit durable, non seulement pour la survie des espèces dans la nature, mais aussi pour les personnes qui en dépendent.

C'est là qu'intervient la CITES.

Depuis la signature de la Convention en 1973, la CITES vise à garantir que le commerce international de plus de 40 900 espèces actuellement inscrites dans les trois Annexes de la Convention se fasse de manière durable, légale et traçable. 

La réalisation de ces objectifs repose sur des partenariats clés, un cadre réglementaire fondé sur des données scientifiques et divers mécanismes de mise en œuvre. La CITES est juridiquement contraignante pour les 184 Parties à la Convention. Les décisions concernant les listes d'espèces et les réglementations commerciales sont prises par l'organe suprême de la Convention, la Conférence des Parties, dans le cadre d'un processus rigoureux et s’appuyant sur la science. 

Avant que les permis de commerce CITES puissent être accordés, les autorités CITES doivent déterminer si un spécimen à commercialiser a été acquis légalement, conformément à la législation nationale. Nous appelons ce processus « Avis d'acquisition légale » ou « AAL ». 

Autre exigence : une évaluation scientifique appelée Avis de commerce non préjudiciable (ACNP), qui est essentielle pour déterminer si le commerce international d'une espèce menace sa survie à l'état sauvage. Si une Partie à la convention est jugée non conforme aux règles de la CITES, le commerce d'une espèce, voire de toutes les espèces inscrites à la CITES pour ce pays, peut être suspendu.

En s'engageant avec les parties prenantes tout au long de la chaîne de valeur, les organes de gestion et les autorités scientifiques CITES ainsi que les agences chargées de la lutte contre la fraude travaillent à renforcer la mise en œuvre de la Convention, à prévenir la surexploitation des espèces vulnérables et à garantir des avantages économiques et environnementaux pour les populations en harmonie avec l'utilisation coutumière durable par les peuples autochtones et les communautés locales. C'est sur ce point que la mission de la CITES s'aligne le plus étroitement sur les objectifs du Cadre mondial de la biodiversité.

Avec cette diapositive, je vais vous donner un exemple du rôle de la CITES dans la conservation des espèces : le cas de la plante succulente Candelilla au Mexique. 

J'aime toujours mettre en avant un fait moins connu, à savoir qu'environ 83 % de toutes les espèces inscrites à la CITES sont des plantes - la Candelilla est l'une d'entre elles ! On met souvent en lumière les mammifères emblématiques comme les éléphants et les rhinocéros, mais il est important de comprendre qu'il existe de nombreuses espèces vulnérables qui jouent un rôle important dans le maintien de la santé de nos écosystèmes, ce qui signifie également notre propre santé. 

Revenons à la Candelilla : cette plante succulente est récoltée pour ses feuilles afin de produire de la cire utilisée dans les chewing-gums, les encres, les cosmétiques et les produits pharmaceutiques. 

La récolte et le commerce de la Candelilla fournissent aux populations locales des revenus et des emplois, tout en renforçant les connaissances traditionnelles et les liens culturels entre les générations. Sans possibilités d'exportation légale pour la cire de Candelilla, la production chuterait probablement, ce qui affecterait considérablement les moyens d’existence de nombreuses familles dans le désert de Chihuahuan et pourrait entraîner des déplacements de population.

On a constaté que la demande sur le marché international a conduit à une récolte non durable et à un commerce sans permis CITES, ce qui a incité les autorités CITES du Mexique à améliorer les méthodes de récolte qui garantissent un temps de récupération adéquat après l'extraction. 

Cela a également donné lieu à des mesures visant à renforcer la mise en œuvre de la CITES afin d'éviter les restrictions commerciales, en ce y compris l'amélioration du processus et des orientations pour la préparation d'Avis de commerce non préjudiciable pour la Candelilla conformément à la Convention. 

Il ne s'agit là que d'un aspect du cadre réglementaire de la CITES qui concrétise notre mission consistant à garantir la durabilité, la légalité et la traçabilité du commerce international d’espèces sauvages. 

Si vous êtes curieux d'en savoir plus, je vous invite à consulter les fiches d'information sur la CITES et les moyens d’existence sur notre site web (cites.org) et à suivre la retransmission en direct des réunions de nos Comités pour les animaux et pour les plantes, en juillet, au cours desquelles des experts scientifiques présenteront leurs conclusions sur la durabilité du commerce de certaines espèces inscrites à la CITES.

Je tiens à remercier l'UICN et Reverse the Red de m'avoir invitée aujourd'hui. Les histoires et les stratégies partagées au cours de ces 24 heures révèlent le vaste potentiel de synergie et d'innovation. Puissent les liens tissés ici nous faire progresser dans la conservation de notre magnifique biodiversité pour les générations à venir.

Bonne continuation pour la suite du programme !

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