CoP17 de la CITES
John E. Scanlon, Secrétaire général de la CITES
Discours de la cérémonie d’ouverture
Johannesburg, 24 septembre 2016
Honorables Ministres,
Distingués invités,
Chers amis et collègues,
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Crédit photo: IISD/ENB | Kiara Worth |
Quel plaisir d’être ici dans la ville de Johannesburg –le cœur dynamique de l’Afrique du Sud, en ce jour spécial, je vous souhaite une bonne fête du patrimoine!
Nous exprimons notre profonde gratitude au Gouvernement et au peuple de l’Afrique du Sud qui accueillent la CoP17 de la CITES avec tant de générositéet de chaleureuse hospitalité.
Madame la Ministre Molewa, ce fut un plaisir réel de travailler avec vous àla préparation de cet événement et nous vous exprimons nos plus sincères remerciements ainsi qu’aux nombreuses personnes qui ont participéàcet effort d’équipe extraordinaire –et le site a l’air absolument fantastique!
Erik Solheim, laissez-moi me joindre au Président du Comitépermanent, Øystein Størkersen, et vous souhaiter chaleureusement la bienvenue en tant que Directeur exécutif du PNUE –ou plutôt Chef d’ONU Environnement, un titre que vous préférez, je le sais. Erik, vous êtes connu pour votre franc-parler et votre approche orientée vers l’action, toutes choses qui conviennent très bien àun public CITES.
Quant àvous, Øystein, je crois m’exprimer au nom de tous ceux qui sont ici en vous remerciant du fond du cœur pour vos efforts infatigables au poste de Président et pour l’appui formidable que vous avez apportéàtous les comités de la CITES et au Secrétariat depuis six ans. Et merci aussi d’avoir saluégénéreusement les travaux de notre équipe du Secrétariat, petite certes, mais très dévouée, et reconnu la nécessitéd’accroître nos ressources.
L’inauguration de la CoP17 offre aussi une occasion idéale d’accueillir très chaleureusement les cinq Parties qui ont rejoint la CITES depuis la CoP16, àsavoir (par ordre chronologique): l’Angola; l’Iraq; l’Union européenne –qui est notre première organisation d’intégration économique régionale; le Tadjikistan et la plus récente, Tonga. Accueillons-les très chaleureusement dans la famille CITES!
Nous sommes ravis que chacune de ces nouvelles Parties soit représentée ici aujourd’hui. Cela porte le nombre total de Parties àla CITES à 183 (sachant que Tonga ne deviendra officiellement Partie que le 20 octobre).
Comme vous le savez, les capacités de chacune de nos 183 Parties varient, et la participation équitable aux CoP est d’importance critique. Le Secrétariat a réussi àlever un peu plus de 660 000 dollars pour notre Projet sur les délégués parrainés pour la CoP17, et nous avons pu parrainer 135 délégués de 102 Parties. Nous exprimons notre profonde gratitude àtous nos donateurs.
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Aucun de nous n’ignore les difficultés que nous avons rencontrées dans la lutte contre le regain de commerce illégal des espèces sauvages, et notamment celui qui touche les éléphants, les pangolins et les rhinocéros. Aucun de nous n’ignore non plus les difficultés de garantir un commerce durable et légal, y compris d’espèces inscrites comme les pythons, le bois de rose et les requins.
La CoP17 n’est pas seulement un exercice de description des difficultés, elle examinera ce que nous avons fait pour les vaincre et déterminera ce qui doit encore être fait. Et nous avons beaucoup de choses àdire àcette CoP. Depuis notre dernière rencontre, en 2013, des progrès significatifs ont étéfaits tant au plan politique que financier et technique.
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Distingués délégués, chers collègues, depuis la CoP16, nous avons ététémoins d’un intérêt politique croissant pour les questions relatives aux espèces sauvages, et en particulier àla lutte contre la recrudescence du commerce illégal des espèces sauvages, et d’une reconnaissance accrue de l’importance de la CITES, en tant que telle, et dans le contexte de la réalisation de buts et objectifs plus généraux, notamment les Objectifs de développement durable des Nations Unies qui ont étéle thème du Ministerial Lekgotla (la réunion ministérielle) d’hier.
Cet intérêt politique pour les espèces sauvages s’est expriméde nombreuses manières depuis trois ans, notamment dans le cadre de déclarations et initiatives prises par des Présidents et des Premiers Ministres, de résolutions adoptées par l’Assemblée générale des Nations Unies, l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement et la Commission des Nations Unies sur la prévention du crime, ainsi qu’àl’occasion de nombreux événements politiques prestigieux.
Cet appui politique renforcéest également le fruit d’initiatives personnelles de personnalités publiques de grand renom comme SAR le duc de Cambridge, qui a réussi àattirer le secteur des transports comme cela n’avait jamais étéfait, pour parler du rôle de ce secteur dans la lutte contre le commerce illégal des espèces sauvages, dans le cadre de la CITES.
Cet appui politique, àson tour, a suscitéune augmentation du financement pour les questions relatives au commerce des espèces sauvages. ÀBangkok, lors de notre dernière rencontre, nous avions décrit nos efforts visant àobtenir la coopération du Fonds pour l’environnement mondial (FEM), lancés pour la première fois, lorsque la chance m’avait étédonnée de m’adresser au Conseil du FEM, en 2011.
Depuis la CoP16, le FEM a engagé131 millions de dollars dans la lutte contre le commerce illégal des espèces sauvages et le braconnage dans son nouveau Programme mondial pour la vie sauvage qui traite aussi de la conservation et des moyens d’existence durables. Cette initiative permettra aussi d’obtenir d’importants fonds additionnels.
Je souhaite remercier Braulio Dias, Secrétaire exécutif de la Convention sur la diversitébiologique (CDB) qui est ici avec nous aujourd’hui, pour nous avoir aidés àcommuniquer les priorités CITES au Conseil du FEM et remercier aussi le FEM, sa Directrice générale et présidente et tous les partenaires du Programme mondial pour la vie sauvage, dont beaucoup sont représentés ici.
Nous avons aussi beaucoup de donateurs multilatéraux et bilatéraux, ainsi que plusieurs institutions philanthropiques, présents ici àla CoP17, qui ont accru leur investissement dans des domaines intéressant la CITES. Nous vous remercions tous très sincèrement et nous vous encourageons àinvestir encore plus –notant qu’un investissement relativement petit en matière de commerce des espèces peut faire une énorme différence.
Le rôle de premier plan que joue la CITES dans la lutte contre le commerce illégal des espèces sauvages a reçu beaucoup d’attention politique, mais l’intérêt renforcépour la CITES ne s’arrête pas là.
En effet, les pays se tournent de plus en plus vers la CITES pour qu’elle veille àce que le commerce d’espèces marines et d’espèces d’arbres précieuses sur le plan commercial soit légal, durable et traçable, témoin les nombreuses propositions émanant d’États des aires de répartition qui vous ont étéprésentées àla CoP16 et qui le seront encore ici, àla CoP17.
Il s’agit làd’un changement majeur et positif pour la CITES qui vient compléter notre association historique avec les nombreuses autres espèces animales et végétales sauvages.
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L’appui politique fort et l’augmentation du financement générée depuis trois ans se sont traduits par l’amélioration du soutien technique fourni par la CITES aux Parties, et cela de différentes manières. On peut citer notamment:
nos travaux avec la FAO et les organismes régionaux de gestion des pêches qui ont clairement démontréla valeur ajoutée de la CITES pour la protection des requins et des raies contre la surexploitation et pour une gestion durable des pêches;
- nos travaux avec l’OIBT –Organisation internationale des bois tropicaux, qui ont démontréla contribution majeure de la CITES àla gestion durable des forêts;
- nos travaux avec le CIC –Centre international du commerce, qui ont montréles avantages du commerce des peaux de python pour les communautés rurales et de la collaboration avec le secteur privépour que la chaîne de valeur mondiale ait une meilleure assise légale et durable;
- nos travaux sur le programme MIKE de la CITES pour passer du ‘suivi’à‘l’atténuation’de l’abattage illégal des éléphants, en élargissant le programme pour couvrir d’autres espèces en danger, y compris les tortues marines, et en soutenant les interventions pratiques de lutte contre la fraude dans huit pays; et
- nos travaux dans le cadre de l’ICCWC –le Consortium international de lutte contre la criminalitéliée aux espèces sauvages, afin de fournir un appui coordonnéen matière de lutte contre la fraude àplus de 30 pays et les aider àdéployer les outils et techniques nécessaires pour combattre la criminalitétransnationale organisée contre les espèces sauvages.
Nous sommes heureux que Kunio Mikuriya, Secrétaire général de l’Organisation mondiale des douanes, soit avec nous ici aujourd’hui. Il a étéun fervent supporter de l’ICCWC depuis le début.
Si j’en avais le temps, je décrirais nos travaux avec le système des Nations Unies sous la direction de son Secrétaire général, Ban Ki-moon, afin de renforcer la réponse du système des Nations Unies au commerce illégal des espèces sauvages, et avec bien d’autres initiatives àl’intérieur et àl’extérieur des Nations Unies, y compris le secteur non gouvernemental. Nous en reparlerons au cours des deux prochaines semaines.
Si je donne ces quelques exemples, c’est pour démontrer clairement qu’àla CoP17, nous ne nous contentons pas de parler des défis et de ce qu’il faut faire. Nous parlons d’actions bien ciblées que nous prenons avec de multiples partenaires ainsi que de ce qui doit encore être fait.
En travaillant en collaboration, nous sommes actifs dans les salles de conférence, du plus haut niveau politique jusqu’aux premières lignes, avec ceux qui, sur le terrain, assurent le bon fonctionnement de cette Convention –les organes de gestion et autorités scientifiques CITES ainsi que les fonctionnaires des douanes, les communautés locales, les entreprises, la police, les juges et les gardes-parcs.
Cela ne veut pas dire que nous avons réussi –mais nos actions collectives ont clairement un impact positif, et cela sera soulignéici àla CoP17 et, même s’il reste encore beaucoup àfaire, nous sommes sur la bonne voie.
Si nous persistons, nous mettrons un terme àla recrudescence du commerce illégal et nous empêcherons le commerce d’atteindre des niveaux non durables.
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Vous l’avez déjàcompris, j’en suis sûr, la CoP17 est de loin le plus grand événement des 43 années d’histoire de la CITES, ce qui est un bon baromètre du taux d’intérêt suscitépar la Convention.
Je ne vous répéterai pas toutes les statistiques, si ce n’est que l’ordre du jour de la CoP17 éclipse tous les autres par sa longueur et que nous avons beaucoup plus de 2500 participants enregistrés pour la toute première fois.
Il faudra faire un effort herculéen pour arriver au bout de notre ordre du jour d’ici au 5 octobre, mais je suis sûr que nous sommes tous prêts àrelever le défi!
En tant que Secrétariat de la Convention, nous avons fait tout notre possible pour rassembler et présenter les meilleures données et informations scientifiques pour aider àvous informer et àvous aider dans vos délibérations.
Cette Conférence des Parties est souveraine et vous allez maintenant prendre vos propres décisions, en agissant dans le meilleur intérêt des espèces concernées.
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Distingués invités, chers collègues, àla CITES les enjeux sont élevés et des débats intenses et rudes nous attendent. Il n’y a làrien de mal –après tout, les décisions que vous prendrez ici, àJohannesburg, auront un effet réel et immédiat dans la pratique.
Elles feront leur chemin dans les législations, les réglementations et les pratiques de fonctionnement àtravers le globe et auront un effet direct sur le moment, le lieu et la manière dont les espèces sauvages et leurs produits peuvent être commercialisés.
Les décisions qui seront prises ici, àla CoP17, toucheront les espèces sauvages et les écosystèmes, les peuples et leurs économies.
Sur certaines questions, il y a clairement des différences d’opinion légitimes quant aux meilleurs moyens de garantir la survie des espèces sauvages. Ce n’est pas le point de vue particulier d’une personne qui fait qu’elle est plus ou moins engagée envers la conservation des espèces sauvages –c’est plutôt le reflet de perspectives différentes sur les moyens d’atteindre des objectifs convenus.
Je suis néet j’ai grandi en Australie, comme vous l’avez peut‑être devinéàmon accent, et nous sommes ici en Afrique du Sud –deux pays qui aiment leur sport –et je suis sûr que personne n’a oubliéce moment mémorable oùle Président Nelson Mandela a remis la Coupe du monde de rugby àl’Afrique du Sud, ici, àJohannesburg, en 1995.
Le rugby est un sport de contact complet et les joueurs le pratiquent àfond et jouent pour gagner. Cela rassemble un peu àla CITES parfois, non? Oui, peut‑être, mais seulement très occasionnellement!
Si jamais vous regardez un match de rugby, vous constaterez l’esprit de fairplay remarquable. Les joueurs respectent leurs adversaires –aussi bien sur le terrain qu’en dehors –et leur arbitre.
Nous jouons parfois dur àla CoP, mais nous respectons les différentes opinions. Nous pouvons travailler dur pour aboutir àun point de vue commun, chaque fois que c’est possible, tout en sachant que la CITES n’a jamais reculédevant un vote lorsque c’était nécessaire.
Notre conduite est, pour citer le thème de cette année de la Journée mondiale de la vie sauvage des Nations Unies, entre nos mains.
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Ce que nous savons, c’est que chacun ici –et tous les peuples du globe qui nous regardent par webcast et nous suivent sur les réseaux traditionnels et sociaux –se réjouit vraiment de cette CoP et suivra ses décisions avec grand intérêt.
Votre équipe élargie du Secrétariat, àla CoP17, est làpour vous offrir tout l’appui nécessaire pour que cette session soit réellement fructueuse et réussie.
Honorables Ministres, distingués invités, le décor est maintenant plantépour une CoP réellement exceptionnelle!
Merci.