Quarante-neuvième session du Conseil international des bois tropicaux

Mise à jour le 29 janvier 2014
Libreville, Gabon, 25 novembre 2013
 
Discours d’ouverture prononcé par 
M. John E. Scanlon, Secrétaire général de la CITES
 
OIBT et CITES – L’application des annexes CITES en ce qui 
concerne les essences de bois tropicaux
 
 
 
Président et vice-président du Conseil international des bois tropicaux,
 
Sénateur Jorge Viana,
 
Directeur exécutif de l’Organisation internationale des bois tropicaux,
 
Honorables invités, amis et collègues.
 
Merci d’avoir eu l’amabilité de m’inviter à me joindre à vous aujourd’hui, et permettez-moi d’exprimer ma gratitude au Gouvernement du Gabon et de le remercier pour accueillir cette 49e session du Conseil international des bois tropicaux (CIBT).
 
Et puisque je me trouve dans ce superbe pays qu’est le Gabon, j’aimerais également exprimer respectueusement ma gratitude à son président, Son Excellence M. Ali Bongo Ondimba, pour son fort engagement personnel afin que les problèmes de conservation des espèces sauvages soient traités sérieusement, et plus particulièrement pour les efforts qu’il déploie pour porter un coup d’arrêt au braconnage de l’éléphant d’Afrique – et ce, non seulement ici, au Gabon, mais dans tout le continent africain.
 
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"La Conférence des Parties à la CITES, tout comme de
nombreuses institutions onusiennes et d’autres organismes,
appelle régulièrement de ses vœux une synergie et une
collaboration accrues entre les organisations
intergouvernementales." John E. Scanlon
Honorables délégués, le 3 mars de cette année, la CITES a célébré son 40e anniversaire, le texte de la Convention ayant été adopté à Washington en 1973. Le fait qu’elle demeure un instrument important a été reconnu par les chefs d’Etats et de gouvernements en 2012, à la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, également appelée Rio+20, à l’occasion de laquelle la CITES a été décrite comme un accord international qui se situe au carrefour du commerce, de l’environnement et du développement.
 
La CITES est une Convention touchant à la fois à la conservation et au commerce. Cependant, elle ne promeut ni ne décourage ce dernier, mais elle le réglemente, lorsqu’il a lieu, pour en assurer la légalité, la durabilité et la traçabilité.
 
Les Etats disposent de droits souverains sur leurs propres ressources biologiques, et c’est à eux que revient la décision de commercialiser celles-ci ou non – sous réserve du respect de leurs engagements internationaux.
 
Les 179 pays qui sont Parties à la CITES sont convenus de réglementer le commerce international de certaines espèces de plantes et d’animaux menacées d’extinction, ainsi que d’un grand nombre d’espèces qui ne le sont pas encore mais qui pourraient le devenir si leur commerce n’était pas soumis à une réglementation rigoureuse.
 
Lorsqu’une Partie à la CITES décide de commercialiser une espèce sauvage ayant fait l’objet d’une inscription sur une annexe CITES, la Convention prévoit les mécanismes généraux qui garantissent que ce commerce n’est pas préjudiciable à la survie dans la nature de l’espèce considérée. Ce faisant, cet instrument fait peser des obligations sur les Etats d’origine, de transit et de destination – ce qui traduit le fait que la mise en œuvre efficace de la CITES requiert un effort collectif.
 
Honorables délégués, la CITES réglemente actuellement le commerce international d’environ 35 000 espèces de plantes et d’animaux sauvages et de leurs produits dérivés.
 
Parmi les espèces inscrites aux annexes CITES, 3% sont menacées d’extinction et figurent à l’Annexe I de la Convention. Les échanges commerciaux de ces espèces sont généralement interdits, comme c’est le cas pour la plupart des éléphants et des rhinocéros, de même que pour les tigres et les grands singes ainsi que certaines essences de bois, telles que le bois de rose du Brésil (Dalbergia nigra) et espèces marines.
 
La grande majorité des espèces, soit environ 96 % d’entre elles, figurent à l’Annexe II de la Convention. Elles ne sont pas nécessairement menacées d’extinction, mais pourraient le devenir si le commerce international n’était pas strictement réglementé, près d’un million d’échanges commerciaux étant légalement réalisés chaque année sur celles-ci.
 
Le recours à la Convention s’est beaucoup développé ces dernières années, les Parties décidant de soumettre aux contrôles réglementaires instaurés par la CITES de nombreuses essences de bois ayant une valeur commerciale. Seules 18 essences étaient inscrites aux Annexes CITES en 1975. Aujourd’hui, on en compte plus de 400, presque 300 nouvelles essences de bois ayant été inscrites à l’Annexe II dans le cadre de la 16e session de la Conférence des Parties à la CITES (CoP16) qui s’est tenue à Bangkok plus tôt cette année.
 
Les décisions prises lors de la 16e session de la Conférence des Parties à la CITES d’intégrer tant de nouvelles essences de bois dans le champ d’application de la Convention, qui ont toutes été prises par consensus, témoignent de la confiance grandissante que les Parties ont en la CITES pour les aider à gérer ces ressources précieuses de façon plus durable, et de leur volonté de veiller à la légalité du commerce du bois. Le succès du programme OIBT-CITES est largement dû à cette confiance accrue en la CITES.
 
Honorables délégués, bien que la CITES soit une Convention destinée à protéger les espèces, sa mise en œuvre est également bénéfique pour les populations locales, les économies nationales et les écosystèmes tout entiers. Les avantages d’un commerce bien réglementé pour les populations locales et indigènes peuvent être importants.
 
Le commerce légal des espèces CITES génère des milliards de dollars chaque année. À titre d’exemple, les rondins de bois de rose de Madagascar peuvent se vendre pour 5 000 USD par m3, soit deux fois le prix de l’acajou et plus de 10 fois celui du bois dur tempéré ; un milliard de dollars des Etats-Unis est généré annuellement en haut de la chaîne de valeur pour le commerce de simplement cinq pythons inscrits aux Annexes CITES, et un litre d’Aquilaria crassna, une huile produite à partir du bois d’agar, est estimé à 80 000 USD.
 
Combattre le commerce illégal présente également de grands avantages pour les populations, par exemple en protégeant les atouts touristiques et les écosystèmes et les ressources vitales qu’ils procurent. À titre d’exemple, en Afrique, le tourisme lié aux espèces sauvages rapporte d’importants bénéfices à certaines économies nationales et constitue une source majeure d’emplois locaux et de devises.
 
Honorables délégués, nous sommes confrontés à de nombreux défis dans la réalisation de nos objectifs, mais de nouvelles et formidables possibilités se font jour en matière d’utilisation des technologies pour nous aider à relever ces défis. Nous promouvons activement le développement et l’utilisation plus poussés des technologies modernes pour intercepter plus efficacement le commerce illégal et faciliter le commerce légal et durable, notamment en collaborant avec l’OIBT, la CNUCED, l’Organisation mondiale des douanes et le Forum économique mondial.
 
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Pour en venir à notre programme commun, il existe à ce jour au total 24 projets OIBT-CITES dans 11 pays répartis dans quatre continents – l’Afrique, l’Asie, l’Amérique latine et l’Europe – qui sont en cours d’exécution ou vont bientôt l’être (dix activités dans cinq pays africains, huit dans deux pays asiatiques, cinq dans trois pays latino-américains et une dans un pays européen). Ces projets profitent aux espèces sauvages et aux populations et contribuent à la constitution de moyens d’existence durables.
 
Ainsi que l’a déclaré l’Autorité scientifique du Cameroun au cours d’un précédent événement organisé en marge d’une réunion OIBT-CITES, « [g]râce à ce programme, les populations des forêts camerounaises qui récoltent l’écorce sèche du Prunus africana pour la commercialiser prennent désormais soin de leur forêt. Avant la mise en œuvre du programme, elles abattaient les arbres pour en prélever l’écorce ; à présent, elles récoltent celle-ci de manière durable et protègent la forêt car elles savent combien cette dernière est précieuse pour elles-mêmes et pour les futures générations. »
 
L’impact de ce programme s’est toutefois également étendu au-delà des Etats membres de l’OIBT qui y participent. Ainsi, grâce à l’expérience gagnée au Cameroun avec le cerisier d’Afrique, le coordinateur régional pour l’Afrique a été envoyé au Burundi pour y renforcer les capacités et y former l’Autorité scientifique CITES, une opération qui a intégralement été financée par le Secrétariat CITES.
 
Suite à cette opération, le Burundi prépare à présent activement sa demande d’adhésion à l’OIBT.
 
L’OIBT et la CITES ont des priorités, et celles-ci ne coïncident pas toujours. Dans le cadre de ce programme commun, les deux organismes se soutiennent mutuellement pour assurer la complémentarité et la réalisation de leurs objectifs respectifs. C’est l’une des grandes forces de ce partenariat, et nous espérons qu’il en restera ainsi.
 
Il est certes essentiel que notre programme commun soit guidé par un plan stratégique, mais l’exemple que je vous ai donné précédemment illustre combien il est important de pouvoir s’adapter aux priorités au cours de l’exécution du programme de travail.
 
Trois films ont été produits dans le cadre de notre programme commun afin de vous montrer plus concrètement les grands progrès qui ont été réalisés dans trois des pays qui y participent. Grâce aux coordinateurs régionaux et aux autorités nationales, des vidéos ont pu être réalisées sur les thèmes suivants : la gestion du cerisier d’Afrique du Cameroun ; le travail sur les inventaires et l’établissement des quotas pour l’acajou du Pérou ; et les techniques de gestion des récoltes utilisées en Indonésie pour les essences de ramin. Un quatrième film a également été réalisé pour faire la synthèse des points essentiels des trois premiers. Dans quelques instants, nous vous montrerons la vidéo consacrée au cerisier d’Afrique du Cameroun pour vous donner une idée de ce qui est fait dans ce domaine.
 
Le nombre de demandes de participation à ce programme OIBT-CITES continue d’augmenter, et nous tenons à exprimer notre profonde gratitude aux organisations et pays donateurs, notamment à l’Allemagne, les Etats-Unis d’Amérique, la France, la Norvège, les Pays-Bas, l’Union européenne par l’intermédiaire de la Commission européenne et les entreprises du secteur privé pour leurs généreuses contributions.
 
Le défi que nous devrons relever à l’avenir sera de continuer d’offrir aux pays membres de l’OIBT et de la CITES le niveau de soutien actuel alors que ceux-ci sont de plus en plus nombreux à nous demander de les aider à appliquer plus efficacement la CITES en ce qui concerne les essences de bois inscrites aux Annexes de la Convention.
 
Au cours de la réunion de cette semaine, des collègues des Secrétariats de l’OIBT et de la CITES présenteront un rapport de situation dans le cadre du point 10 de l’ordre du jour consacré au thème du renforcement de la coopération entre l’OIBT et la CITES, à l’occasion duquel de telles questions pourront être examinées de manière plus approfondie, et le Comité consultatif du programme OIBT-CITES se réunira en marge de cette réunion avec les pays participants, les donateurs et les représentants des deux Secrétariats.
 
J’aimerais enfin saisir cette occasion pour remercier les équipes de l’OIBT et de la CITES et leur exprimer ma gratitude pour leur travail exemplaire. Ces équipes, dirigées respectivement par Steve Johnson et Milena Sosa Schmidt, comprennent les trois coordinateurs régionaux et de nombreuses autres personnes dévouées qui contribuent à la mise en œuvre de ce programme dans les 11 pays qui y participent.
 
Le nombre des personnes que je devrais remercier s’élève à plus de 100, bien trop pour que mentionne ici leurs noms – mais j’adresse mes remerciements à chacune d’entre elles pour avoir rendu ce programme commun à la fois efficace et unique.
 
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Honorables délégués, la Conférence des Parties à la CITES, tout comme de nombreuses institutions onusiennes et d’autres organismes, appelle régulièrement de ses vœux une synergie et une collaboration accrues entre les organisations intergouvernementales.
 
Il existe peu de meilleurs exemples de collaboration réussie conduisant à des résultats aussi tangibles dans le domaine que celle qui existe entre nos deux organisations – et je remercie sincèrement le directeur exécutif et son équipe travailleuse pour leur dévouement et leur camaraderie.
 
Par nos efforts collectifs, nous veillons à ce que les plantes sauvages, et les animaux qui en vivent, soient protégées, dans toute leur variété et leur beauté, pour le bénéfice de la génération actuelle et des suivantes, ce dont je remercie tous ceux qui sont présents ici aujourd’hui.
 
Je souhaite à votre Conseil une réunion très fructueuse, et vous remercie de nouveau de m’avoir invité ici aujourd’hui.