Discours d’ouverture de M. John E. Scanlon

Mise à jour le 12 janvier 2021

Discours d’ouverture de M. John E. Scanlon, Secrétaire général de la CITES,
devant l’atelier CITES sur le commerce des serpents d’Asie

11 avril 2011, Guangzhou (Chine)

Monsieur le Directeur général exécutif de l’organe de gestion CITES de la Chine, M. Su Chunyu,
Distingués délégués,
Mesdames et Messieurs,
"Je tiens à exprimer aux autorités de la Chine notre grande appréciation de la manière dont elles ont marqué la longue implication de leur pays dans la CITES. Je remercie aussi sincèrement ces mêmes autorités d’avoir généreusement accepté d’accueillir cet atelier et d’avoir trouvé le temps et les ressources nécessaires pour apporter une assistance significative à son organisation logistique." M. John E. Scanlon, Secrétaire général

C’est pour moi un grand plaisir que d’être ici, à Guangzhou, en Chine, à l’ouverture de cet important atelier international. Je suis aussi très heureux que cet évènement coïncide avec le 30e anniversaire de la signature par la Chine de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), entrée en vigueur le 8 avril 1981 dans ce pays.

L’importance que le Gouvernement chinois attache à la CITES a été démontrée de manière admirable par la célébration organisée à Beijing dans le Grand Hall du Peuple à la fin de la semaine dernière. Cet édifice prestigieux – l’un des plus connus de la Chine – a été le théâtre d’un rassemblement impressionnant, réunissant le Ministre de l’Administration forestière d’Etat, M. Jia Zhibang, et les représentants de 31 ministères et services. La participation d’un aussi grand nombre de ministères et de services différents, dont ceux de l’Agriculture, des Douanes, et des Affaires étrangères, montre que l’organe de gestion CITES de la Chine a bien travaillé auprès de l’ensemble du gouvernement à promouvoir l’application de la CITES. Ce degré de collaboration interagences se reflète aussi au niveau des provinces comme nous pouvons le constater ici, dans la Province de Guangdong, avec l’excellent travail de la branche de Guangzhou de l’organe de gestion CITES.

Vous ignorez peut-être que l’organe de gestion CITES de la Chine compte 22 branches réparties sur tout son vaste territoire et deux bureaux distincts dans les Régions administratives spéciales de Hong Kong et de Macao. Au total, il doit y avoir en Chine plus de personnel administratif CITES que dans tout autre pays. Cela témoigne à la fois du fort engagement du Gouvernement chinois vis-à-vis de la CITES et de l’ampleur des opérations nécessaires pour un pays si vaste, qui s’est engagé activement dans la mise en œuvre de la Convention. Je tiens à exprimer aux autorités de la Chine notre grande appréciation de la manière dont elles ont marqué la longue implication de leur pays dans la CITES. Je remercie aussi sincèrement ces mêmes autorités d’avoir généreusement accepté d’accueillir cet atelier et d’avoir trouvé le temps et les ressources nécessaires pour apporter une assistance significative à son organisation logistique.

Le commerce mondial des serpents est largement répandu et revêt une importance économique considérable avec ses milliers de transactions par an. Ce commerce porte sur des spécimens sauvages ou élevés en captivité de diverses espèces de nombreux pays.

A Doha, l’an dernier, à sa 15e session, la Conférence des Parties à la CITES (CoP15) a adopté la décision 15.75 dans laquelle elle demande l’organisation d’un atelier sur “la gestion de la conservation et le commerce des serpents”. En adoptant cette décision, les Parties ont reconnu la nécessité de réunir les organisations, les cadres et les spécialistes pertinents pour traiter des questions de conservation, de gestion, et de lutte contre la fraude, afin que ce commerce reçoive l’attention qu’il mérite – et nous sommes heureux de voir ici aujourd’hui des représentants de près de 20 pays ainsi que des spécialistes du Comité CITES pour les animaux et de nombreuses organisations nationales et internationales.

La décision 15.75 mentionne aussi que l’atelier doit “[mettre] l’accent sur les marchés et le commerce en Asie de l’Est, du Sud et du Sud-Est” mais je suis heureux de voir qu’il a également attiré des participants d’autres parties du monde. Cela montre que le commerce de ces espèces est pratiqué sur toute la planète. Les serpents des forêts et des jungles d’Asie sont consommés localement et dans les pays voisins mais on les trouve aussi sous forme d’articles et d’accessoires en cuir dans les boutiques de luxe d’Europe et d’Amérique du Nord. De plus, les peaux sont souvent traitées dans divers pays de réexportation. C’est pourquoi, comme pour tant d’autres aspects de la CITES, la communauté internationale doit travailler de concert. Le fait que les serpents soient commercialisés comme animaux de compagnie ou pour leur peau, chair, sang, vésicule biliaire ou venin, signifie qu’il n’y a pas de modalité unique pour ce commerce puisque les acteurs et la voie empruntée par chaque chaîne de valeurs peuvent être différents.

Il ressort des documents préparés pour cette réunion qu’un tiers des quelque 3300 espèces de serpents du monde sont présents dans cette région et que nous savons encore relativement peu de choses sur bon nombre de ces espèces. Nous savons toutefois que les serpents jouent un rôle vital dans leurs écosystèmes. Si, par exemple, ils disparaissaient des rizières ou des autres terres agricoles d’Asie, leurs proies, restant sans prédateurs pour en maîtriser le nombre, pourraient avoir des effets dévastateurs sur la production agricole, non sans conséquences sur les moyens d’existence des populations.

Le prélèvement des serpents et, parfois, le traitement initial des peaux et autres parties du corps, revêtent une grande importance économique et contribuent à procurer des recettes importantes aux communautés locales, dont bon nombre sont situées dans des zones rurales de pays en développement, y compris celles de certains parmi les plus pauvres.

Les Parties à la CITES ont pris des décisions pour traiter les implications de ce commerce sur la conservation de la faune et les moyens d’existence des populations, et je ne doute pas que vous réfléchirez à ces questions lorsque vous vous répartirez en groupes de travail au cours de la réunion. Je m’attends aussi à ce que les résultats de l’atelier présentent un grand intérêt pour le ”groupe de travail sur la CITES et les moyens d’existence”, du Comité permanent de la CITES, lorsqu’il terminera le travail qu’il accomplit au titre de la décision 15.5.

Alors que nous sommes dans l’Année internationale des forêts, nous devons aussi noter que l’on trouve couramment des serpents dans les écosystèmes disposant d’un couvert forestier.

Je sais aussi que des préoccupations ont été exprimées récemment concernant le commerce des serpents, en particulier au sujet des normes touchant au bien-être des animaux, s’agissant de leur prélèvement – ce qui dépasse la portée de la Convention. Les questions de bien-être des animaux concernent toutefois la Convention lorsqu’il s’agit du commerce international d’animaux vivants.

Dans ce contexte, nous ne devons pas oublier que le mandat de cet atelier, défini dans la décision 15.75, est “d’examiner les priorités en matière de conservation et de gestion des serpents, et les besoins de lutte contre la fraude dans le commerce de serpents en Asie...”. Pour cela, les participants devront s’attacher aux questions qui intéressent particulièrement la CITES, notamment les suivantes: Le commerce actuel des serpents inscrits aux annexes est-il couvert par les documents CITES adéquats? Implique-t-il des spécimens prélevés conformément aux législations nationales? Se déroule-t-il de manière à ne pas compromettre la survie des espèces? Et si ce n’est pas le cas, que faut-il faire?

Les résultats de cet atelier contribueront à guider les processus pertinents d’application de la CITES. Ainsi, tant le Comité pour les animaux que le Comité permanent examineront soigneusement le résultat de vos délibérations de cette semaine. La prochaine session de la Conférence des Parties, qui se tiendra en mars 2013, offrira aussi aux Parties à la CITES l’opportunité de voir si davantage d’espèces de serpents ne devraient pas être inscrites aux annexes de la Convention.

Mesdames et Messieurs,

Vous avez quelques journées chargées devant vous et une contribution très importante à apporter. Je vous remercie tous sincèrement d’être venus à Guangzhou et je vous encourage à participer activement aux larges discussions qui auront lieu. Le Comité pour les animaux, le Comité permanent et la Conférence des Parties attendent avec beaucoup d’intérêt les résultats de cet atelier.

Au nom de la famille de la CITES, je tiens à remercier à nouveau très sincèrement le Gouvernement chinois pour son remarquable appui et sa chaleureuse hospitalité, et j’adresse également nos sincères remerciements au United States Fish and Wildlife Service et à l’Union européenne pour leur généreuse contribution financière.

Pour terminer, je voudrais saluer le bon travail de Robert Boljesic, qui a dirigé l’équipe du Secrétariat chargée d’organiser l’atelier. Comme certains d’entre vous le savent peut-être déjà, il vient de démissionner de son poste de cadre chargé du soutien scientifique pour des raisons d’ordre familial qui le rappellent dans son pays; au dernier moment, Robert a dû annuler sa venue en Chine pour des motifs incontournables. Je remercie sincèrement David Morgan de l’avoir remplacé au pied levé. Je suis sûr que la réussite de cet atelier rendra hommage au bon travail préparatoire de Robert.

Je ne pourrais malheureusement pas rester avec vous durant toute la réunion mais je vous laisse entre de bonnes mains et je vous adresse mes meilleurs vœux de réussite et vous remercie à nouveau tous pour votre participation.


Voir également: COMMUNIQUE DE PRESSE: La Chine accueille une réunion cruciale sur l’avenir des serpents d’Asie, 11 avril, Guangzhou (Chine)