Saisie de près de 20 000 animaux vivants et arrestation de 365 suspects dans le cadre de la plus grande opération de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages et de bois jamais menée

Mise à jour le 18 février 2025

 

Initialement publié par INTERPOL et l’OMD

138 pays et régions se mobilisent pour lutter contre le trafic d’espèces de faune et de flore sauvages dans le monde

 

Genève, 7 février 2025 — Près de 20 000 animaux vivants, appartenant tous à des espèces menacées ou protégées, ont été saisis dans le cadre d’une opération mondiale de lutte contre des réseaux de trafiquants d’espèces sauvages et de bois menée sous la coordination conjointe d’INTERPOL et de l’Organisation mondiale des douanes (OMD).

Menée à bien du 11 novembre au 6 décembre 2024, l’opération Thunder 2024 a rassemblé des agents des forces de police, des douanes, des services de contrôle aux frontières et des services chargés de la gestion des forêts et des espèces sauvages de 138 pays et régions, soit le plus grand nombre de participants depuis la première édition de l’opération en 2017.

Les autorités ont arrêté 365 suspects et percé à jour six réseaux criminels transnationaux soupçonnés de trafic d’espèces d’animaux et de plantes protégées au titre de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). Ces spécimens d’espèces font l’objet d’un commerce illégal pour répondre à la demande de marchés bien précis, qu’ils soient destinés à être consommés, utilisés pour de prétendues vertus médicinales ou sous forme d’objets de collection ou de produits « de luxe », ou pour servir d’animaux de compagnie ou de concours.

Les animaux vivants, au nombre desquels figuraient des grands félins, des oiseaux, des pangolins, des primates et des reptiles, ont pu être secourus dans le cadre de 2213 saisies effectuées dans le monde entier.

Lorsque c’était possible, des experts en médecine légale ont prélevé des échantillons d’ADN avant de transférer les animaux dans des centres de sauvegarde, où leur état de santé a été évalué dans l’attente de leur rapatriement ou de leur réadaptation, dans le respect des cadres nationaux et protocoles pertinents.

Le prélèvement d’ADN joue un rôle crucial dans le cadre de poursuites judiciaires car il permet de confirmer le type d’espèce, sa provenance ou sa distribution, et de mettre en lumière de nouvelles filières du trafic et de nouvelles tendances.
 

TRAFIC DE GRANDE AMPLEUR DE PARTIES D’ANIMAUX, DE PLANTES ET D’ESPÈCES MENACÉES

Outre les animaux vivants, les pays participants ont saisi des centaines de milliers de parties et produits d’animaux protégés, d’arbres, de plantes, d’espèces marines et d’arthropodes.

Les saisies les plus importantes ont porté sur des espèces de bois, principalement retrouvées dans des conteneurs maritimes, la plupart des autres saisies ayant eu lieu dans des aéroports et des centres de tri postal.

Les autorités se sont également intéressées à différentes activités en ligne et ont découvert que les suspects utilisaient une multitude de profils et reliaient différents comptes sur les réseaux sociaux et les marchés afin d’élargir leur champ d’action.

Plus d’une centaine d’entreprises se livrant au trafic d’espèces protégées ont également été démasquées.

Le Secrétaire Général d’INTERPOL, Valdecy Urquiza, a déclaré :

« Les réseaux de la criminalité organisée profitent de la demande en plantes et animaux rares et exploitent la nature pour alimenter la cupidité humaine. Cette attitude a de lourdes conséquences : elle entraîne une perte de biodiversité, détruit des communautés, contribue au changement climatique et alimente même les conflits et l’instabilité.

Les crimes contre l’environnement sont particulièrement destructeurs et INTERPOL, en collaboration avec ses partenaires, s’est engagée à protéger notre planète pour les générations futures. »

Le Secrétaire Général de l’OMD, Ian Saunders, a déclaré :

« L’opération Thunder continue à mettre en lumière un type de criminalité rarement jugé prioritaire par les forces de l’ordre. Grâce à nos efforts conjoints, nous avons mis en place des mécanismes de coopération qui facilitent l’échange d’informations et de renseignements, et nous avons affiné nos stratégies en matière de lutte contre la fraude.

Le commerce illégal d’espèces sauvages ne cesse de gagner du terrain ; il reste extrêmement lucratif et produit des effets dévastateurs. L’OMD reste déterminée à aider ses membres et ses partenaires à lutter efficacement contre cette forme grave de criminalité. »

La Secrétaire générale de la CITES, Ivonne Higuero, a déclaré :

« L’opération Thunder est l’illustration de l’efficacité de la collaboration internationale dans la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages. Année après année, le nombre croissant d’autorités nationales qui y prennent part témoigne de l’urgence et de l’ampleur de ce défi mondial. En tant que membre de l’ICCWC, la CITES reste déterminée à travailler en collaboration avec les Parties afin d’opposer une réaction commune au trafic d’espèces sauvages. »

Exemples de saisies parmi les plus importantes :

  • Indonésie : 134 tonnes de bois à destination de l’Asie transportées par fret maritime 
  • Kenya : 41 tonnes de bois exotique à destination de l’Asie transportées par fret maritime
  • Nigéria : 4472 kg d’écailles de pangolin
  • Türkiye : 6500 passereaux vivants découverts lors d’un contrôle de véhicule à la frontière avec la Syrie
  • Inde : 5 193 tortues de Floride vivantes retrouvées à l’aéroport de Chennai, dissimulées dans des valises de passagers en provenance de Malaisie
  • Pérou : 3 700 spécimens de plantes protégées interceptées en provenance de l’Équateur
  • Qatar : huit cornes de rhinocéros retrouvées dans les bagages d’un suspect en transit, en provenance du Mozambique et à destination de la Thaïlande
  • États-Unis d’Amérique : une tonne de concombres de mer, considérés comme un mets raffiné, passés en contrebande depuis le Nicaragua
  • Hong Kong, Chine :  973 kg d’ailerons de requins séchés en provenance du Maroc saisis à l’aéroport
  • Tchéquie : huit tigres, âgés de 2 mois à deux ans, découverts dans un établissement élevage présumé illégal
  • Indonésie : découverte de 846 peaux de python réticulé, l’un des serpents les plus longs au monde, dissimulées à bord d’un navire
  • L’Australie et le Royaume-Uni ont fait état de saisies de bile d’ours, un produit fréquemment utilisé en médicine traditionnelle
  • Saisies de plus de 300 armes à feu, de véhicules et de matériel de braconnage.

 

BROSSER UN TABLEAU COMPLET DU RENSEIGNEMENT À L’ÉCHELLE MONDIALE EN MATIÈRE DE TRAFIC D’ESPÈCES SAUVAGES ET DE BOIS

Mener régulièrement des opérations de type Thunder permet aux enquêteurs de brosser un tableau complet du renseignement à l’échelle mondiale et d’établir avec précision le profil des auteurs d’infractions, ce qui améliore considérablement l’efficacité des activités de lutte contre la fraude et la résolution d’affaires transfrontalières.

La collaboration entre les différentes parties prenantes est essentielle pour lutter efficacement contre les réseaux criminels transnationaux, de la saisie des spécimens à l’arrestation et à l’inculpation des suspects. Les données collectées permettent en effet aux administrations douanières d’affiner leurs stratégies en matière de gestion du risque et de respect de la réglementation, et de garder une longueur d’avance sur les auteurs d’infractions, en veillant à ce que leur contribution à la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages reste dynamique et adaptée.

En amont de l’opération, les pays ont échangé des renseignements pertinents sur des affaires en cours et des cibles importantes, et mis à jour des informations cruciales sur 21 notices rouges INTERPOL concernant des trafiquants présumés recherchés au niveau international. Ces échanges se sont poursuivis tout au long de l’opération, les agents utilisant les canaux sécurisés fournis par INTERPOL et l’OMD pour communiquer en temps réel.
 

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À propos de la CITES  

La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) a été signée le 3 mars 1973 et est entrée en vigueur le 1er juillet 1975. Avec 185 Parties (184 pays + l’Union européenne), elle reste l’un des outils les plus puissants au monde pour la conservation de la faune et de la flore sauvages grâce à la réglementation du commerce international de plus de 40 900 espèces d’animaux et de plantes sauvages. Les espèces inscrites aux Annexes de la CITES sont utilisées quotidiennement dans le monde entier pour l’alimentation, les soins de santé, l’ameublement, l’habitat, les souvenirs de voyage, les cosmétiques ou la mode. La CITES vise à garantir que le commerce international des espèces inscrites est durable, légal et traçable et qu’il contribue à la fois aux moyens d’existence des communautés qui vivent au plus près de ces espèces et aux économies nationales, pour la santé de la planète et la prospérité des populations, à l’appui des Objectifs de développement durable des Nations Unies.  

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