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COMMUNIQUE DE PRESSE
Une équipe spéciale de lutte contre la fraude réunie pour combattre le crime organisé ciblant les éléphants et les rhinocéros
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Participants à la réunión de l’équipe spéciale de lutte contre la fraude sur l’ivoire et les rhinocéros de la CITES, Gigiri, Kenya, 17-19 2011 |
Nairobi/Genève, 24 mai 2011 – L’équipe spéciale de lutte contre la fraude sur l’ivoire et les rhinocéros de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) s’est réunie au siège du Programme des Nations Unies pour l’environnement (Gigiri, Kenya) du 17 au 19 mai pour discuter de mesures d’urgence contre la criminalité ciblant ces deux pachydermes.
Vingt hauts responsables de la lutte contre la fraude représentant des autorités chargées des espèces sauvages, les douanes, des services d’investigation, les parcs nationaux, la police et des agences de lutte contre la fraude de 12 pays (Afrique du Sud, Chine, Ethiopie, Kenya, Mozambique, Népal, Philippines, République-Unie de Tanzanie, Royaume-Uni, Thaïlande, Viet Nam et Zimbabwe) ont assisté à cette réunion. L’équipe spéciale a aussi examiné des renseignements fournis par l’Australie, le Canada et les Etats-Unis d’Amérique.
Quatre des cinq organisations constituant le nouveau Consortium international de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages (un partenariat entre la CITES, INTERPOL, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, la Banque mondiale et l’Organisation mondiale des douanes) étaient également présentes et ont offert leur appui aux organismes nationaux dans leur combat contre les groupes et réseaux criminels organisés. Il y avait aussi, à la réunion, un représentant de l’Accord de Lusaka sur les problèmes de lutte contre la fraude en Afrique de l’Est.
En dépit des immenses succès obtenus par la communauté de lutte contre la fraude, le niveau de contrebande d’ivoire d’éléphant reste élevé et ceux qui sont derrière le commerce illégal ne semblent pas découragés par les pertes régulières que leur infligent les agences de surveillance des frontières. Ainsi, en 2009 seulement, les douanes ont intercepté plus de 25 tonnes d’ivoire en train de passer en fraude d’Afrique en Asie. La semaine dernière encore, les autorités du Kenya ont saisi plus d’une tonne d’ivoire sur le point de sortir du pays en fraude.
Le sort de certaines populations de rhinocéros semble peu réjouissant. Par exemple, depuis quelques années, l’Afrique du Sud est le témoin d’une augmentation spectaculaire du braconnage des rhinocéros: 13 en 2007, 83 en 2008, 122 en 2009, 330 en 2010 et déjà 159 rhinocéros tués illégalement dans les quatre premiers mois de 2011. L’intensité du braconnage exerce de fortes pressions sur la population de rhinocéros d’Afrique du Sud estimée à 21.000 individus.
La dynamique de marché du commerce illégal de l’ivoire et des rhinocéros, y compris des mécanismes de l’offre et de la demande conduisant à un renchérissement brusque des prix du marché noir, n’est pas parfaitement comprise. La Banque mondiale a proposé son expertise en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et de recouvrement des avoirs, une offre qui a été extrêmement bien reçue.
L’équipe spéciale a été informée de nouvelles demandes possibles pour la corne de rhinocéros, notamment pour le marché de l’art et des antiquités, ce qui appellera de nouvelles investigations. Le braconnage des éléphants concerne les défenses en ivoire, sculptées traditionnellement en objets décoratifs que les consommateurs des pays émergents sont prêts à payer cher. Il semble que l’augmentation de cette demande, ces dernières années, soit imputable à l’enrichissement de certains secteurs de la société, en Asie de l’Est. Le braconnage des rhinocéros, quant à lui, semble être principalement motivé par la demande de produits médicinaux traditionnels et en particulier par une rumeur récente prétendant que ce serait un traitement efficace contre le cancer.
Les participants ont convenu qu’il faut améliorer la communication, la collaboration et la coordination aux niveaux national et international et se sont engagés à renforcer le partage de l’information. Des données seront notamment échangées régulièrement sur des personnes qui se rendent dans des pays comme l’Afrique du Sud pour participer à des chasses soi-disant légales mais qui ont pour véritable intention d’obtenir des parties d’animaux pouvant être vendues au marché noir.
Les membres de l’équipe spéciale ont convenu que les agences de lutte contre la fraude doivent être encouragées à retarder la publication de nouvelles sur d’importantes saisies jusqu’à ce que les agences compétentes des pays d’origine et de destination, ainsi que les organes internationaux de lutte contre la fraude aient été informés. Ainsi des mesures pourraient être prises contre tous ceux qui forment la “chaîne” de la criminalité au lieu de leur donner l’alerte et l’occasion d’effacer leurs traces. L’équipe spéciale a demandé aux médias de soutenir les efforts des agences de lutte contre la fraude à cet égard et d’accepter de bon gré qu’à l’avenir, la publication des communiqués de presse sur les saisies puisse être retardée.
John Scanlon, Secrétaire général de la CITES, déclare: “Ces dernières années, le Secrétariat CITES a émis plusieurs alertes et comptes rendus de renseignement à l’adresse des organes de lutte contre la fraude nationaux et internationaux. Les informations communiquées leur ont permis d’améliorer l’évaluation des risques, le ciblage et le profilage relatifs au commerce illégal de l’ivoire d’éléphant et de la corne de rhinocéros. La réunion de l’équipe spéciale, la semaine dernière, nous a permis d’acquérir la vue d’ensemble la plus à jour de ce qui se passe et nous allons bientôt préparer et diffuser des comptes rendus actualisés. Elle a aussi confirmé nos soupçons concernant de nouveaux ‘marchés’ ou régions de consommation de la corne de rhinocéros.”
John Sellar, Chef, Appui à la lutte contre la fraude, Secrétariat CITES, explique: “Il va de soi que nous ne pouvons donner tous les détails des discussions de l’équipe spéciale mais il est clair que les activités illégales sont dirigées par des groupes criminels organisés qui ne s’intéressent qu’au profit. Ils exploitent régulièrement des personnes démunies vivant dans les régions où l’on trouve des éléphants et des rhinocéros et ils envoient littéralement certains braconniers à la mort. Cette année, en Afrique du Sud, 14 braconniers équipés d’armes automatiques et d’armes à feu de gros calibre ont été tués lors de confrontations avec des gardiens de parcs.”
Pour David Higgins, responsable du Programme INTERPOL sur la criminalité liée à l’environnement, qui était présent à la réunion: "Le commerce illégal d’espèces sauvages peut avoir de graves conséquences sur l’économie et la sécurité nationales. Dans le cas du trafic illégal de l’ivoire et de la corne de rhinocéros, où sont impliqués des gangs de braconniers lourdement armés et des réseaux internationaux du crime organisé, les activités illégales réduisent les revenus du tourisme, peuvent mettre les touristes en danger, détruisent l’équilibre de la biodiversité et enfin, ébranlent la primauté du droit.”
Monsieur Higgins ajoute: "Pour combattre ce commerce illégal il faut, de toute urgence, des stratégies bien construites et bien conçues aux niveaux local, national et international, et en première ligne, une gestion, un échange et une analyse efficaces des renseignements sur la criminalité.”
Le Secrétariat CITES a pu convoquer la réunion de l’équipe spéciale grâce à l’appui financier de la Commission européenne.
Note aux journalistes: Pour plus d’informations, contacter M. Juan Carlos Vasquez: +4179-552 27 32 (mobile) ou juan.vasquez@cites.org
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