La session de la Conférence des Parties à la CITES s'achève sur des décisions énergiques sur la conservation des espèces sauvages

Mise à jour le 22 septembre 2020

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COMMUNIQUE DE PRESSE

La session de la Conférence des Parties à la CITES s'achève sur des décisions énergiques sur la conservation des espèces sauvages

Contrôle plus strict du commerce de l'acajou, de requins, des hippocampes, de tortues marines et d'oiseaux
Ventes d'ivoire autorisées sous réserve de l'amélioration de la surveillance du braconnage

Santiago, Chili, 15 novembre 2002 - Une session de deux semaines de la Conférence des Parties à la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) s'achèvera aujourd'hui après l'adoption de décisions promouvant la conservation des espèces sauvages par le biais de stratégies incluant une protection stricte, la réglementation du commerce et l'utilisation durable.

"Au 21e siècle, trouver des solutions aux besoins spécifiques de chaque espèce, en fonction des conditions spécifiques qui l'entourent, sera la clé de la conservation globale des espèces sauvages - déclarait Willem Wijnstekers, Secrétaire général de la CITES, Convention dont le Secrétariat est administré par le Programme des Nations Unies pour l'environnement.
"La CITES est bien placée pour contribuer à la conservation d'une large gamme de plantes et d'animaux grâce à son système rigoureux de permis et de certificats couvrant le commerce, sa capacité de limiter les transactions à caractère commercial quand elles s'avèrent préjudiciables à une espèce, et son appui à la conservation nationale et aux services de lutte contre la fraude des pays en développement - ajoutait-il.

Parmi les décisions spectaculaires, il y a l'inscription à l'Annexe II de la CITES de l'acajou - arbre qui produit un bois de très grande valeur. Son inscription oblige les Etats de l'aire de répartition à veiller à ce que l'exportation soit durable et que les spécimens soient couverts par un permis d'exportation CITES.

"Il est très significatif qu'après 10 ans de discussion, les Parties à la CITES aient convenu de réglementer le commerce de l'acajou d'Amérique" a déclaré M. Wijnstekers. "Les mesures de contrôle éprouvées mises au point dans le cadre de la CITES s'avéreront très dissuasives pour le commerce illicite. Cette décision profitera aussi aux communautés locales et indigènes qui ont beaucoup perdu face aux trafiquants."

Autre décision critique prise durant les dernières heures de la session: l'inscription du requin baleine et du requin pèlerin à l'Annexe II. L'on considère généralement que c'est là un jalon dans l'histoire de la CITES qui, traditionnellement, ne joue pas un rôle important dans la pêche mondiale.

Pouvant atteindre 20 m de long et 34 t, le requin-baleine est le plus gros poisson qui soit. La proposition d'inscription citait le déclin des effectifs de l'espèce et le rôle du commerce international de la chair, des ailerons et de l'huile de foie de requin. Les requins-baleines sont de grands migrateurs, chassés pour leur chair et leurs ailerons. Ils sont aussi pris et tués accidentellement lors de la pêche ciblant d'autres espèces.

La Conférence a aussi ajouté à l'Annexe II 26 espèces de tortues marines asiatiques. De nombreuses tortues marines d'Asie du sud, du sud-est et de l'est sont commercialisées en quantités importantes sur les marchés régionaux pour l'alimentation, les médecines traditionnelles asiatiques et le commerce international des animaux de compagnie. Leur nombre a beaucoup diminué ces dernières années et les espèces qui viennent d'être inscrites sont vulnérables ou en danger dans leur aire de répartition. Il y a de nombreux témoignages de commerce illicite mais les tortues marines sont également consommées à des fins de subsistance. La perte de leur habitat est une importante menace à leur survie.

Le commerce des hippocampes sera lui aussi réglementé pour la première fois. Les populations d'hippocampes ont subi un très grave déclin ces dernières années en raison du commerce, des prises incidentes, de l'aménagement des côtes, des pratiques destructives de la pêche, et de la pollution. Pour répondre à la demande croissance des médecines traditionnelles, de l'aquariophilie et de la vente de souvenirs, 20 millions d'hippocampes ont été capturés chaque année en mer au début des années 1990; l'on estime que le commerce augmente de 8 à 10% par an. Les 32 espèces d'hippocampes sont à présent inscrites à l'Annexe II.

Trois oiseaux d'Amérique centrale et d'Amérique du sud - l'amazone à cou jaune, l'amazone à tête jaune et l'ara de Coulon - ont été transférés de l'Annexe II à l'Annexe I. Cela signifie que leur commerce ne sera plus autorisé. Cette réglementation stricte reflète les craintes suscitées par la poursuite du déclin du nombre de ces oiseaux ces dernières années en raison du commerce et de la perte d'habitat.

Plusieurs espèces menacées de Madagascar - pays parmi les plus riches en espèces sauvages - bénéficieront elles aussi d'une protection plus stricte. Il s'agit de la tortue à queue plate, de divers caméléons, d'une grenouille fouisseuse et d'une orchidée.

La session a accepté de fixer un quota zéro pour le commerce des dauphins de la mer Noire, déjà inscrits à l'Annexe II. Ces dauphins ont subi un très grave déclin ces dernières années en raison de la chasse, de la pollution et autres stresses.
S'appuyant sur le consensus auquel étaient parvenus la plupart des Etats de l'aire de répartition de l'éléphant d'Afrique, la CITES a accepté d'appliquer un contrôle rigoureux à tout éventuel commerce des stocks d'ivoire. Elle a accepté sous condition les propositions soumises par l'Afrique du Sud, le Botswana et la Namibie, qui souhaitaient être autorisées à procéder à des ventes en une fois de respectivement 20, 10 et 30 t d'ivoire faisant partie des stocks légaux d'ivoire d'éléphants morts de mort naturelle ou résultant de l'abattage autorisé par le gouvernement d'animaux posant des problèmes.

Ces ventes ont été approuvées sous réserve d'une stricte supervision. Elles n'auront pas lieu avant mai 2004 pour qu'il y ait le temps de réunir des données de base sur les populations et le braconnage, et pour que le Secrétariat CITES indique si les pays d'importation potentiels sont effectivement en mesure de réglementer leur marché intérieur de l'ivoire et remplissent les conditions qui leur permettront d'importer de l'ivoire. Ces contrôles visent à empêcher l'ivoire illicite d'entrer sur le marché légal et à éviter une recrudescence du braconnage.

Autre protection intégrée dans le système: le commerce peut être suspendu si le Secrétariat et le Comité permanent de la CITES découvre qu'un pays d'exportation ou un pays d'importation ne respecte pas les dispositions adoptées. De plus, le commerce peut être arrêté s'il y a des preuves que le commerce a des effets négatifs sur les populations d'éléphants d'autres régions d'Afrique. Les deux systèmes de suivi établis pour suivre l'abattage illicite des éléphants et les ventes illicites d'ivoire - MIKE et ETIS - auront un rôle de premier plan en ce qu'il garantiront que les pays qui s'appuient sur le tourisme ne seront pas lésés par les ventes d'ivoire de pays qui s'appuient également sur le commerce.

D'autres décisions visent à renforcer au plan national la conservation d'espèces menacées déjà contrôlées au titre de la CITES, notamment les ours, le tigre, les esturgeons et l'antilope du Tibet.

La 12e session de la Conférence des Parties à la CITES s'est tenue du 4 au 15 novembre. Quelque 1200 participants - des représentants de 141 gouvernements et de nombreux observateurs envoyés par des organisations - y ont participé. La CdP13 aura lieu en Thaïlande fin 2004 ou au premier semestre de 2005.