Les pays où vivent des saïgas se dotent d’une nouvelle feuille de route pour sauver l’espèce

Mise à jour le 25 juin 2019

Bonn/Genève, 9 avril 2019 – Les États de l’aire de répartition ont convenu d’un ensemble de priorités de conservation concrètes pour guider leurs travaux dans le cadre du Mémorandum d’entente concernant la restauration, la conservation et l’utilisation durable des saïgas (Saiga spp.) jusqu’en 2025.

C’est à l’occasion d’un atelier organisé conjointement, du 1er au 4 avril, par la CMS et la CITES ainsi que par l’Académie internationale pour la conservation de la nature de l’Agence fédérale allemande pour la conservation de la nature (BfN INA) avec un financement du Ministère allemand de l’environnement, de la conservation de la nature et de la sécurité nucléaire (BMU) que cet accord a vu le jour.

Les représentants de quatre des cinq États signataires du Mémorandum d’entente et la Chine, ainsi que des secrétariats de la CMS et de la CITES, d’organisations et d’experts coopérants, ont examiné les progrès d’application du Mémorandum d’entente et du Programme de travail international à moyen terme 2016-2020 qui guident les mesures de conservation conjointes appliquées aux saïgas. Les participants ont échangé des informations sur les activités de conservation actuelles des saïgas et élaboré un nouveau programme de travail pour la période 2021‑2025.

Les effectifs de la population globale de cette antilope ont augmenté de 67 000 en 2006, lorsque le Mémorandum d’entente est entré en vigueur, à 228 000 en 2018, ce qui témoigne de la bonne gestion et des efforts conjoints déployés par les pays et les organisations coopérantes pour appliquer le Mémorandum d’entente sur les saïgas ainsi que du contrôle du commerce international par la CITES.

Tout en présentant une tendance positive, l’espèce peut subir des déclins spectaculaires et soudains. En 2017, la population de saïgas de Mongolie a été réduite de moitié par une infection virale, la peste des petits ruminants (PPR), qui n’a laissé que 7000 animaux vivants. Les participants ont adopté plusieurs mesures prioritaires, notamment la vaccination du bétail pour aider à contenir la propagation du virus aux espèces sauvages, en particulier aux saïgas.

Marco Barbieri, responsable en charge de la CMS, a déclaré : « L’état critique des saïgas de Mongolie ainsi que la mortalité massive de 200 000 animaux au Kazakhstan, en mai 2015, illustrent clairement que la maladie est un facteur émergent important menaçant les populations de saïgas dans toute l’aire de répartition. Je suis heureux qu’une section à part entière sur la santé et la maladie, soulignant des mesures concrètes, ait été ajoutée au nouveau projet de programme de travail pour que l’on puisse juguler, ensemble, cette menace. »

Outre les maladies, l’infrastructure linéaire (clôtures, rails de chemin de fer, gazoducs et oléoducs, routes, etc.), la détérioration de l’habitat et le braconnage sont aussi des menaces pour le saïga. Tous les participants ont convenu que les efforts doivent se poursuivre pour appliquer le projet de nouveau Mémorandum d’entente qui contient des mesures de conservation relatives à l’utilisation durable et au commerce, aux populations locales, à la sensibilisation, aux facteurs liés à l’habitat et à l’environnement, aux aires protégées, au suivi, aux mesures de lutte contre le braconnage, aux maladies et à l’élevage en captivité ainsi que des mesures concernant des populations particulières.

Selon Ivonne Higuero, Secrétaire générale de la CITES, « Ce Mémorandum d’entente sur les saïgas est un formidable exemple de coopération réussie entre la CMS et la CITES, et du rôle complémentaire des deux Conventions. Les Parties à la CITES, en particulier les États de l’aire de répartition et les principaux États de consommation et de commercialisation ont tous contribué à l’application du Mémorandum d’entente 2015-2020. À la 18e session de la Conférence des Parties, à Colombo, en mai, on leur demandera de décider de poursuivre leurs efforts en faveur du Mémorandum d’entente 2021-2025. Il est encourageant de constater que les actions collectives des gouvernements et des organisations coopérantes portent leurs fruits et que la population mondiale de saïgas augmente. »

Pour améliorer encore les liens entre la CMS et la CITES, les participants ont renforcé et étoffé les mesures relatives à l’utilisation durable et au commerce de saïgas dans le nouveau projet de Mémorandum d’entente. Ces mesures comprennent un encouragement au recensement, au contrôle et au suivi des stocks, l’amélioration des contrôles sur les marchés nationaux pour les parties et produits de saïga, l’harmonisation des législations d’application de la CITES et la réduction de la demande et de l’utilisation de la corne de saïga dans la médecine traditionnelle asiatique. Les participants ont aussi convenu de réfléchir à la possibilité d’une utilisation durable future de populations spécifiques de saïgas et à l’évaluation des conditions et obligations qui pourraient régir cette utilisation.

Le nouveau Programme de travail à moyen terme 2021-2025 sera soumis à la quatrième session des signataires du Mémorandum d’entente qui aura lieu en 2020 en Fédération de Russie. Avant cela, il sera présenté aux Parties à la CITES, à la 18e session de la Conférence des Parties, en mai 2019, à Colombo.

Le Mémorandum d’entente sur les saïgas est un instrument intergouvernemental élaboré sous les auspices de la CMS et dédié à la conservation des saïgas dans les cinq États de l’aire de répartition (Fédération de Russie, Kazakhstan, Mongolie, Ouzbékistan et Turkménistan). En vigueur depuis 2006, il a été signé par tous les États de l’aire de répartition ainsi que par neuf organisations coopérantes, à savoir l’Association pour la conservation de la biodiversité du Kazakhstan, Fauna and Flora International, la Frankfurt Zoological Society, le Conseil international de la chasse et de la conservation du gibier (CIC), la CSE/UICN, Nature and Biodiversity Conservation Union, Saiga Conservation Alliance, Wildlife Conservation Society et le WWF International.

Les participants ont publié un communiqué conjoint résumant et soulignant les principaux résultats de l’atelier.