Conférence des Nations Unies sur les océans 2025 (UNOC-3) Événement parallèle sur la réalisation de l'ODD 14 par le biais de l'ODD 16 : Déclaration de la Secrétaire générale de la CITES, Ivonne Higuero

Mise à jour le 16 juin 2025

 

Conférence des Nations Unies sur les océans (UNOC-3) : Événement parallèle sur la réalisation de l'ODD 14 par le biais de l'ODD 16 : le rôle de la justice pénale et de l'application de la loi dans la gouvernance et la protection des océans

Déclaration de la Secrétaire générale de la CITES, Ivonne Higuero

10 juin 2025, Nice, France

 

© CITES Secretariat

Excellences, distingués délégués, partenaires et amis,

Je tiens à remercier chaleureusement INTERPOL et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (l’ONUDC) pour l’organisation de cet événement parallèle majeur et pour m’avoir invitée à m’adresser à vous aujourd’hui.

C’est pour moi un honneur d’aborder l’un des thèmes centraux de la conservation et de la gouvernance au niveau mondial, à savoir le lien crucial entre l’ODD 14, axé sur la conservation et l’utilisation durable des océans, des mers et des ressources marines, et l’ODD 16, qui promeut la mise en place d’institutions fortes, l’accès à la justice et l’État de droit. En effet, pour faire de réels progrès en matière de conservation des océans, nous devons également défendre la justice, l’État de droit et le développement des capacités institutionnelles.

En tant que traité international qui réglemente le commerce international de plus de 40 000 espèces d’animaux et de plantes sauvages, la CITES joue un rôle fondamental, au croisement de la conservation et de l’utilisation durable des espèces. Grâce à son système de permis mondial appliqué par les 185 Parties à la Convention, la CITES vise à faire en sorte que le commerce de spécimens d’espèces sauvages soit légal, traçable et durable.

On compte actuellement plus de 2000 espèces marines inscrites aux Annexes de la CITES. Au cours des dernières COP, on a assisté à un élargissement du champ d’application du traité, lequel englobe désormais un nombre croissant d’espèces marines importantes sur le plan commercial. La CITES porte sur des espèces marines provenant non seulement d’eaux territoriales mais aussi de zones situées au-delà de la juridiction nationale, grâce à des dispositions relatives aux Introductions en provenance de la mer.

Alors que la CITES fête en 2025 le 50e anniversaire de son entrée en vigueur, son rôle dans la promotion de l’utilisation durable et de la conservation de la biodiversité marine reste plus que jamais d’actualité.

La CITES contribue à la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages, qui touche des espèces marines aussi diverses que l’anguille d’Europe, les coraux, les tortues marines, les hippocampes, les requins ou les raies, et on constate que ce commerce illégal est de plus en plus lié à des réseaux transfrontaliers du crime organisé, à la criminalité financière et à la corruption.

À titre d’exemple, le commerce illégal de l’acoupa de MacDonald, un poisson endémique du golfe de Californie, au Mexique, prisé pour sa vessie natatoire, donne lieu à des pratiques de pêche dommageables. Ainsi, les filets maillants qui sont utilisés pour pêcher l’acoupa entraînent également des prises accessoires et la mort de marsouins du golfe de Californie, à tel point que ce mammifère marin qui figure parmi les plus rares au monde est aujourd’hui menacé de disparition.

Pour remédier à la situation, les Parties à la CITES ont décidé de mesures ciblées. La Conférence des Parties a adopté des décisions exhortant les États de l’aire de répartition et les États consommateurs à prendre des mesures immédiates pour empêcher la pêche illégale de l’acoupa de MacDonald et protéger le marsouin du golfe de Californie.

Pour autant, aucun organisme ne saurait à lui seul mettre un terme au commerce illégal d’espèces sauvages. Le Secrétariat CITES travaille ainsi en collaboration avec des partenaires pour lutter contre la criminalité liée aux espèces sauvages, un type de criminalité qui transcende les frontières nationales et s’appuie sur des réseaux complexes au sein même de pays de l’aire de répartition, de transit et de consommation.

Créé en 2010, le Consortium international de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages (ICCWC) apporte un appui coordonné à l’échelle mondiale pour lutter contre la criminalité liée aux espèces sauvages. Composé du Secrétariat CITES, de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, d’INTERPOL, de l’Organisation mondiale des douanes et de la Banque mondiale, il aide les autorités nationales à mener des enquêtes et à engager des poursuites à l’égard des auteurs de crimes contre les espèces sauvages, y compris en cas de commerce illégal d’espèces marines.

S’agissant du commerce illégal de spécimens d’acoupa de MacDonald par exemple, dans le cadre de l’ICCWC, le Secrétariat CITES, INTERPOL et l’ONUDC ont appuyé la création d’un groupe de travail fermé composé des autorités chargées de la lutte contre la fraude dans les pays de l’aire de répartition, de transit et de consommation concernés. Cette initiative a permis de renforcer la collaboration sur le trafic de spécimens de l’espèce et a conduit à la définition de mesures de suivi et à la mise en place d’initiatives conjointes.

En ce qui concerne l’ODD 16, la CITES contribue à la Cible 16.5 sur la réduction de la corruption et de la pratique des pots-de-vin au moyen d’une résolution intitulée Interdire, prévenir, détecter et réprimer la corruption. Cette résolution exhorte les Parties à adopter des mesures anti-corruption et à coordonner les efforts déployés au titre de la CITES pour lutter contre le commerce illégal et renforcer la gouvernance. Les Parties ont également convenu de travailler en collaboration pour réduire la demande, désorganiser les filières d’approvisionnement illégales et améliorer la traçabilité.

Plusieurs initiatives ciblées sont en cours dans la perspective de la 20e session de la Conférence des Parties (CoP20) qui se tiendra du 24 novembre au 5 décembre 2025 à Samarcande, en Ouzbékistan. Citons à titre d’exemple des propositions de résolutions nouvelles ou amendées sur des espèces clés telles que les tortues marines ou les anguilles, ou encore une étude conjointe du Secrétariat CITES et de l’ONUDC sur l’ampleur et la nature du commerce illégal et sur les mesures de lutte contre la fraude en ce qui concerne les hippocampes.

Tournés vers l’avenir, je vous invite à consolider les institutions qui défendent les océans, à donner les moyens nécessaires aux agents de première ligne chargés de la lutte contre la fraude, et à réaffirmer que la conservation de l’environnement est indissociable de la justice et de la paix.

Le Secrétariat CITES est prêt à aider toutes les Parties à traduire ces principes en actions concrètes, parce que la réalisation de l’ODD 14 à l’aide de l’ODD 16 n’est pas seulement un objectif politique : c’est un impératif pour la planète.

Je vous remercie.

 

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